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soir, qu’ils possédaient la confiance de la Chambre, étaient-ils justifiables d’abandonner leur poste le jeudi matin ?

Peut-on croire à la moralité politique d’hommes qui, en quelques heures seulement, se mettent plusieurs fois en contradiction avec eux-mêmes ?

Est-il possible, même en y apportant la meilleure volonté du monde, de ne pas voir là un acte de malhonnêteté ? Des hommes aussi peu scrupuleux que M. McDonald et M. Cartier n’agissent pas ainsi sans un but déterminé d’avance !

Eh bien, cette résignation, faite sans nécessité et même sans à propos, d’après les déclarations du mercredi soir, le Gouverneur l’accepte sans hésiter.

Voilà, si je puis m’exprimer ainsi, le point central, en quelque sorte, le pivot de la question.

Le Gouverneur devait-il accepter la résignation des Ministres, quand sur une motion qu’ils avaient déclarée comporter confiance ou non-confiance, la Chambre avait, de fait, fait une déclaration de confiance, acceptée comme telle par les Ministres, qui s’en glorifient ; admise comme telle par le Gouverneur lui-même dans son mémorandum.

En acceptant cette résignation malgré la confiance exprimée par la Chambre, le Gouverneur ne déclarait-il pas formellement que lui et lui seul ne voulait plus laisser à l’administration McDonald, le gouvernement du pays ?

Cette acceptation de résignation pouvait-elle, sous les circonstances, signifier autre chose ? Non ! pas d’autre signification possible que celle que je viens d’indiquer, — en supposant toujours que Son Excellence agît honorablement.

La résignation ainsi acceptée, le Gouverneur écrit à M. Brown et le prie de se charger de la formation d’une administration. Celui-ci demande un délai pour consulter ses amis, et le samedi, il informe Son Excellence qu’il accepte la tâche qu’on lui propose.

Jusqu’au vendredi soir les Ministres et leurs amis avaient été dans une exultation incroyable. C’était à qui inventerait la meilleure plaisanterie sur le compte de ce pauvre Brown pour qui la formation d’une admi-