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nistration était une impossibilité si absolue qu’il n’oserait pas même la tenter. Dans ce cas on revenait au pouvoir plus puissants que jamais et l’opposition perdait une portion considérable de son prestige. On allait donc enfin pouvoir lui dire, appuyé sur le fait de sa non-réussite, qu’elle ne représentait rien dans le pays ; qu’elle n’avait aucune racine dans l’opinion publique ; que les membres de l’opposition ne formaient qu’une phalange insignifiante et incapable de compter sur les sympathies à l’extérieur puisqu’ayant eu occasion de monter au pouvoir, ils ne l’avaient pas osé.

Néanmoins, dans l’après midi du vendredi, quand le bruit commença à se répandre que « Brown acceptait, » on convoqua immédiatement un Caucus[1] auquel se rendirent une soixantaine de membres ministériels qui là, s’engagèrent à n’accepter aucune autre administration que celle qui venait de résigner.

Le samedi matin, l’acceptation de M. Brown étant devenue publique, les mines devinrent très inquiètes et les figurent s’allongèrent énormément.

C’est alors que les membres qui étaient le plus dans la confiance des Ministres commencèrent à dire que « Brown pouvait former son administration tant qu’il voudrait, mais que cela ne le mènerait pas à grand’chose, vu qu’il n’y aurait pas de dissolution. » Le même jour, dans les rues de Montréal les affidés disaient à leurs amis. « Soyez tranquilles, il n’y aura pas de dissolution. »

Le dimanche, un homme haut placé et qui n’aurait certainement pas parlé comme il le faisait sans en être sûr, m’a dit à moi : « Soyez sûr qu’il n’y aura pas de dissolution. »

Voyons, ne voilà t-il pas de très fortes présomptions que quelque chose s’était vraiment tramé ? Remarquez qu’on ne disait pas simplement. « Le Gouverneur ne doit pas dissoudre » ce qui n’eût affirmé que son devoir de ne pas le faire et n’impliquait nullement sa volonté. — Mais on disait explicitement : « Le Gouverneur ne dissoudra pas. »

  1. On appelle caucus une assemblée de membres appartenant au même parti.