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Pour ces gens, tout acte d’un Ministère est nécessairement irréprochable ; toute pensée d’un membre de l’opposition est nécessairement suspecte !

Je vois même des gens qui approuvent M. Cartier de n’avoir pas tenu compte de son serment et qui, si M. Cartier, au lieu d’un serment, eût donné sa parole d’honneur qu’il allait fidèlement remplir les devoirs d’Inspecteur Général, auraient dit en le voyant ne pas tenir compte d’une parole d’honneur : « C’est évidemment un homme sans honneur. »

Eh bien, quand il n’a pas tenu compte d’un serment, comment donc ces gens peuvent-ils ne pas dire : « C’est un homme sans principes » ?

Pourquoi ceux qui seraient si chatouilleux, et avec raison, sur la non-exécution d’une parole d’honneur, deviennent-ils si indifférents sur la parodie d’un serment ?

N’est ce pas là une aberration d’esprit effrayante quant aux résultats qu’elle peut produire sur l’état social d’un pays ?

Comment veut-on que les fonctionnaires publics en sous-ordre, que les témoins dans les cours, que les électeurs aux polls respectent, tiennent compte des serments qu’on les oblige de prêter quand les Ministres de la Couronne leur montrent l’exemple de se moquer outrageusement des serments qu’ils prêtent eux-mêmes ?

Et le grand parti de l’ordre trouve cela beau !

Et les gens aux bons principes trouvent cela juste !!

Et ceux qui ont toujours le mot de religion à la bouche trouvent cela légitime !!

Que devient la moralité publique dans tout cela ?

Que l’on envisage la question comme on le voudra, il faut de toute nécessité en venir à avouer que M. Cartier et presque tous ses collègues se sont rendus coupables du plus scandaleux abus des serments d’office, et ont par là montré à la population du pays un funeste exemple. À mon avis, il y a là plus qu’un serment indiscret, il y a un parjure moral parfaitement caractérisé, parce qu’au moment où M. Cartier prêtait son serment d’office comme Inspecteur-Général, il existait en-