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tre lui d’une part, et le Gouverneur et ses collègues de l’autre, un entendement explicite que, « tout en s’assermentant comme Inspecteur-Général, il n’agirait pas comme tel et se réassermenterait au bout de quelques heures comme chef d’un autre département. » Or le serment que M. Cartier prêtait comme Inspecteur-Général faisait-il ou ne faisait-il pas foi de la sincérité de sa promesse ? Oui sans doute, il en faisait foi. Cette promesse a-t-elle été tenue ? Non. Le serment a donc été violé ; violé avec préméditation surtout, car cette violation du serment « était concertée d’avance entre un certain nombre d’hommes » ; il y avait donc complot entre eux pour commettre un acte coupable. Le parjure moral, est donc évident, indéniable ! Je défie l’homme le plus fort du parti Ministériel de nier cela avec des raisons. Quant à des injures, je sais qu’il va m’en tomber une averse sur la tête ; mais ce n’est pas aux valets de plume Ministériels que je m’adresse, c’est aux hommes sérieux, aux jurisconsultes instruits.

D’ailleurs un fait m’a frappé.

Même au moment de l’escamotage, alors que les esprits étaient encore étourdis du succès de cette audacieuse intrigue, pas un seul journal Ministériel n’a approuvé la manière dont l’administration avait ressaisi le pouvoir ! Ses défenseurs les plus dévoués, les plus avilis, ses serviteurs les mieux payés n’ont pas soufflé mot !

Depuis, j’ai vainement cherché dans ces feuilles un seul article au soutien de la constitutionnalité de la position des Ministres ; mais les moins scrupuleuses d’entre elles ont admis qu’ils avaient commis là une grave erreur !

Pas un seul jurisconsulte n’a maintenu la légalité de leur prétention ! Les hommes de loi les plus éminents les condamnent sans réserve ! Leurs propres partisans politiques, — je parle des gens sincères, — les blâment énergiquement ! La presse Anglaise en fait autant et les juge sévèrement.

Il faut avouer aussi que jamais semblable usurpation de pouvoir ne s’est vue en Canada.