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par vous-même et que vous ne pouviez ignorer ! J’ai pris Dieu à témoins d’un fait que je savais être faux : vous avez pris Dieu à témoin d’une promesse que vous ne vouliez pas remplir ! Je suis un pauvre ignorant, vous êtes versé dans la connaissance du droit et des obligations morales ! J’ai témérairement étendu ma main sur les Évangiles, vous avez fait précisément la même chose ! Nos mains doivent tomber l’une dans l’autre, M. le Procureur Général, et je sors avec vous. »

Franchement qu’est-ce que le Procureur Général pourrait honnêtement répondre ?

Heureusement pour l’Hon. Monsieur, il n’est jamais à court quand il faut payer d’impudence, et il se tirerait probablement d’affaire avec un pauvre diable de détenu tout aussi prestement qu’il l’a fait en présence d’une Chambre vénale sur laquelle il savait pouvoir compter.

On trouvera peut-être cette expression déplacée, appliquée comme elle l’est à une branche de la Législature.

Je prie les lecteurs de remarquer que les circonstances sont tout-à-fait exceptionnelles ; que la Chambre actuelle a approuvé, accepté, sanctionné les plus épouvantables faits de corruption que l’on ait jamais vus dans la Province ; que l’on ne sait plus maintenant ce qui est réellement droit, justice, légalité ; que toutes les notions de droit constitutionnel sont bouleversées ; que les Ministères ont passé à travers la constitution et la loi précisément comme l’oiseau passe à travers la toile d’araignée qui n’arrête que les mouches ; et qu’ils ont été, per fas et nefas, soutenus par la Chambre ; que conséquemment l’arbitraire est devenu la seule loi du pays ; qu’il n’y a pas de tyrannie qui ne soit possible quand la Législature ne tient plus compte de la loi, de la constitution, de la morale publique et sanctionne les plus flagrantes illégalités.

La situation est plus sérieuse qu’on ne croit, car que l’on dise ce que l’on voudra, il faut qu’en effet une Chambre soit profondément gangrénée pour permettre tranquillement à M. Cartier d’affirmer de son siége que