Page:Dessaulles - À Messieurs les électeurs de la division de Rougemont.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 57 —

les Ministres avaient agi d’après la lettre et l’esprit de la loi. Plusieurs membres Ministériels m’ont dit en entendant cela : « Nous savons bien que ce n’est pas vrai, mais que voulez-vous qu’on y fasse » ?? Est-ce là le mot d’un homme honnête et énergique ?

Chaque Membre de la Chambre savait qu’en disant qu’il était dans l’esprit de la loi, M. Cartier mentait à sa conscience ! Plusieurs l’avouaient franchement et sans détour ! Eh bien ; c’est un déplorable spectacle que celui d’hommes honorables dominés au point de sanctionner ce qu’ils blâment ! Si ce n’est pas là de la vénalité ou de la servilité, que l’on veuille donc bien nous dire ce que c’est !

Non, avec une pareille Chambre, M. Cartier et ses collègues pouvaient tout oser. Il n’y avait rien, en fait d’impudeur, qui pût révolter des partisans qui avaient sanctionné la fraude Fellowes et accepté, comme lui donnant la majorité légale, 350 noms pris par ordre alphabétique, dans les almanachs d’adresses américains. Par exemple, M. Cartier, après avoir récité et défilé tout le sale tripotage qui venait d’avoir lieu, annonce qu’il est prêt à se soumettre au jugement de la Chambre là dessus.

— Et le jugement du pays, qu’en faites vous, dit un Membre ?

— Je suis prêt à me soumettre au jugement du pays aussi, réplique l’Hon. M. Cartier.

Et comment l’Hon. M. Cartier prouve-t-il qu’il est prêt à cela… en torturant la loi, en outrageant la morale et la décence « pour éviter une réélection ! pour éviter conséquemment de se soumettre au jugement du pays !! » Et la Chambre, non-seulement n’éclate pas d’indignation devant cet acte d’incompréhensible impudeur, mais « la majorité applaudit et bat des mains !! »

Qu’on relise le discours de M. Cartier à la séance du 7 août et on se convaincra, je pense, que jamais farce aussi déhontée n’a été jouée devant un corps délibératif. Jamais encore Ministre n’a dévoilé avec tant de sang froid des actes de supercherie légale qui le flétriront à jamais comme homme public et comme citoyen. Car qu’on