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teurs. Dans chaque Division, dans chaque comté, dans chaque paroisse on aurait dû, si une opinion publique tant soit peu forte eût existé, s’élever hautement contre la violation de la constitution. Que deviennent les garanties individuelles, que deviennent les droits de chacun quand la constitution, base de tous les droits, fondement nécessaire de tout l’édifice social, est impunément violée par ceux-là même qui sont chargés de la maintenir ? De ce moment là personne n’est en sureté chez lui ; la liberté politique n’existe plus que de nom, la liberté civile est menacée, la liberté individuelle est mise en péril.

Eh bien, cette fois encore, on a laissé faire. L’opinion publique est si bien endormie qu’il semble impossible de lui redonner la vie qu’elle a perdue. Des hommes parfaitement estimables, sincèrement amis de leur pays, voient avec alarme l’état de chose actuel ; avouent que le seul remède possible se trouve dans une opposition active aux hommes qui l’ont amené ; admettent qu’il n’y a rien de bon à attendre et du « système responsable tel qu’on nous l’a donné » et des hommes qui l’on fait fonctionner jusqu’à présent ; et néanmoins quand on les pousse un peu dans la discussion, que répondent-ils ?

— Qui sait si d’autres feront mieux ?

— Mais avec les hommes actuels, le mal est certain, réalisé ! Leur politique a porté ses fruits, n’est-il pas temps de changer ?

— Qui mettrez vous à leur place ?

— Des hommes nouveaux qui n’aient pas encore failli.

— Où les trouverez-vous ?

— Voyons, allez-vous prétendre que dans les deux Canadas il n’existe pas dix autres hommes capables de conduire les affaires publiques ?

— Voilà quatre ou cinq fois que nous changeons, et tout va de plus mal en plus mal !

— Eh bien faut-il, pour ne plus changer, renoncer à corriger ce qui existe ?

— Non sans doute !

— Le corrigera-t-on avec les hommes actuels ?