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Page:Dessaulles - À Messieurs les électeurs de la division de Rougemont.djvu/67

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— Je ne le pense pas !

— Vous admettez donc alors qu’il faut changer ?

— Oui si vous avez des hommes !

— Mais si les dix Ministres mouraient, le pays périrait-il ?

— Probablement non.

— Eh bien, ces dix Ministres, qui sont pleins de la vie physique, sont morts en tant qu’hommes politiques intègres, utiles même. Ils ont violé la constitution, la loi, ils n’ont tenu compte d’aucun devoir, d’aucun principe ! Ils ne sont pas légalement Ministres, ils sont de véritables usurpateurs du pouvoir. Ils ont en réalité fait une révolution dans le pays.

Ce n’est pas une révolution faite par le peuple, dans la rue ; c’est une révolution faite contre le peuple et contre son droit le plus sacré, dans les hautes régions de la politique ! Ces dix hommes, en saisissant le pouvoir au moyen d’une malhonnête interprétation de la loi, ont tout simplement commis un acte de brigandage que malheureusement la constitution n’a pas prévue, et qu’aucun tribunal ne peut juger au point de vue constitutionnel.

Loin d’occuper leurs fauteuils de Ministres, ils devraient être maintenant sur le banc des accusés, s’il y avait un tribunal dont ils fussent justiciables, comme ministres.

Avec notre absurde gouvernement responsable, il n’y en a pas d’autre que l’opinion publique ; eh bien, l’opinion publique est morte, le système de laissez faire, intronisé en 1848, l’a tuée. L’indifférentisme en matière politique est aujourd’hui la plaie principale du pays. Le droit individuel est violé, on le tolère ! La constitution aussi l’est ; on ne dit mot ! Le droit le plus important des électeurs, celui de contrôler l’acceptation des charges publiques, est anéanti au moyen d’une sale supercherie ; les électeurs ne protestent pas ! Des fraudes colossales sont prouvées ; le gouvernement qui est obligé de sévir, protège ses amis au lieu de les punir ; le peuple ne s’émeut pas ! La loi est torturée pour servir les fins personnelles de quelques intrigants ; les chambres restent muettes ! Un ministre