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main il s’en va religieusement faire du grand style dans les journaux sur l’esprit irréligieux d’un corps qui encourageait, a-t-il osé dire, de pareilles lectures, quand au contraire, le corps réprouvait énergiquement l’acte et se préparait à en empêcher le retour ! !


XXX


Eh bien, je le demande en toute confiance, si un membre de cet Institut allait assister à une séance d’un Institut rival pour être témoin de ses procédés et les défigurer ensuite avec passion sur les journaux ; n’en publier que ce qui pourrait préjuger le public et retrancher avec soin tout ce qui serait de nature à le satisfaire ; exagérer le mal et cacher le bien, et se dire témoin pour calomnier, avec plus d’effet ; nos adversaires, avec leurs habitudes de libéralité envers l’Institut, n’inféreraient-ils pas de suite, d’un fait si odieux et si lâche, que l’Institut Canadien n’est pas une école de véracité ni d’honorabilité ?

Eh bien, retournons la médaille. C’est contre nous que cela s’est fait ! C’est nous qu’on est venu espionner pour aller nous calomnier ensuite ! Quelle en est la conséquence ? Ah bah, qu’est-ce que cela fait, dit-on dans certains cercles, c’est l’Institut Canadien ! En tout et partout, à notre égard, avec certaines personnes, deux poids et deux mesures !

Mais ce n’est pas tout. À la séance suivante, l’affluence des membres est considérable. Non seulement le président est approuvé et soutenu, mais tous les membres qui prennent part à la discussion, même ceux qu’on représente comme exagérés, expriment leur complète désapprobation de l’essai qui fait le sujet du débat. On va plus loin. On passe unanimement une résolution exprimant l’opinion que les membres devraient s’abstenir de soulever des discussions religieuses.

On remarque plusieurs étrangers à la séance qui, eux, je dois le dire, ont su se conduire en hommes bien élevés. Plusieurs de ces étrangers se déclarent parfaitement satisfaits de l’esprit qu’a manifesté l’Institut pendant cette séance ! La chose est incontestablement répandue dans le public !

Eh bien, après cette séance là même, où l’Institut a prouvé clairement, péremptoirement, qu’il voulait fermer à ses membres le domaine de la discussion religieuse, on redouble d’injures à propos de ses tendances irréligieuses ! ! On rend le corps responsable d’un acte qu’il a blâmé ! !

N’y a-t-il pas là parti pris de calomnier ? Où est l’exagération ici ? Chez nous ou chez nos agresseurs ?


XXXI


Messieurs, ce mauvais vouloir ; cette hostilité tantôt sourde tantôt ouverte ; ces agressions que rien ne motive puisque nous n’attaquons personne ; ces faussetés réaffirmées dix fois malgré nos dénégations énergiques ; ces combinaisons pour nous déconsidérer ; ces clameurs pour préjuger le public contre nous, n’empêchent pas pourtant l’Institut Canadien de se maintenir, de prospérer même, et de recevoir constamment des accessions. Cela prouve, Messieurs, qu’il ne faut qu’un peu d’énergie, de zèle et d’entente pour résister à des attaques qui ne sont pas soutenues par l’opinion publique.

On s’aperçoit, malgré, tout ce déploiement de bonnes intentions, qu’au fond de tout ce bruit, qui se fait autour de nous, il existe beaucoup d’intolérance, un peu d’esprit persécuteur ; un peu trop de désir de régenter autrui ; plus de préjugé que de froide raison ; plus d’aigreur que de sincérité ; plus de passion que de sagesse ; trop d’inimitié et pas assez d’indulgence ; trop de colère et pas assez de charité. Beaucoup de personnes ont compris qu’avec les moyens d’instruction que nous possédons, que nous donne une bibliothèque qui se compose déjà de 5,500 volumes et d’une splendide collection de plus de 5,000 gravures d’art ou historiques, et qui, je ne puis assez le répéter, ne contient pas de livres immoraux ; que nous sommes enfin prêts à expurger si elle en contient ; beaucoup de personnes, dis-je, ont compris que ceux qui s’éloignent si fort de nous, dans un pays les moyens d’instruction sont encore rares et difficiles, ne font après tout de mal qu’à eux-mêmes ! Plusieurs se sont convaincus