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DISCOURS
sur
L’INSTITUT CANADIEN




I

Messieurs,


Il y a dix-huit ans déjà, à pareil jour plus de 200 jeunes gens de cette ville se réunissaient dans les anciennes salles de la société d’histoire naturelle de Montréal.

Sentant les difficultés de plus d’un genre qu’éprouve en ce pays l’homme qui veut s’instruire ; comprenant par leur propre expérience, que l’éducation que l’on reçoit au collège n’est rien autre chose qu’un point de départ, un simple acheminement vers l’instruction, n’est réellement que le moyen de savoir quelle marche il faut suivre pour arriver à l’acquisition des connaissances sans lesquelles un homme ne saurait se distinguer dans les professions libérales, seule pépinière possible des hommes d’état, sauf quelques remarquables exceptions ; sentant que le seul moyen de suppléer à la rareté des livres est de recourir à la communion des idées par la discussion et l’examen en commun des matières qui font habituellement le sujet des investigations de l’esprit ; comprenant enfin que quand on n’a pas à sa portée les ressources nécessaires pour s’instruire seul, on peut y suppléer jusqu’à un certain point par des réunions dont le mobile est l’émulation, et dont l’objet est l’enseignement mutuel, le travail associé ; ces deux cents jeunes gens décidèrent de suppléer au manque de capitaux par une recrudescence d’énergie et une communauté d’action qui leur permissent d’arriver, par l’association, au but que chacun d’eux, pris isolément, ne pouvait atteindre.

Comptant sur la libéralité et la sympathie du public, qui fait rarement défaut à ceux chez lesquels la sincérité d’intention se prouve par des actes utiles, ces jeunes gens, presque tous sans moyens, et à cette époque de la vie où l’homme sent que de son seul travail dépend son avenir, décidèrent de se former en corps délibérant, pour ainsi dire, afin de se prêter main-forte les uns aux autres dans la tâche, toujours précaire et difficile pour l’individu, de se préparer une carrière et de devenir un homme fort et instruit.


II


Par ce moyen, ils utilisaient les nombreuses heures pendant lesquelles un jeune homme, nouvellement lancé dans un monde dont il ne connaît encore, par lui-même, ni le bon ni le mauvais côté ; dans lequel il arrive souvent préjugé contre les hommes et les choses, ne peut toujours se suffire à lui-même et s’abandonne quelquefois soit à l’oisiveté, soit au découragement, soit même à un cours d’idées plus funeste encore.

La devise qu’ils adoptèrent prouve qu’ils comprirent parfaitement le prin-