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cipe fondamental de l’existence de l’homme en société.

Le travail triomphe de tout ! se dirent-ils.

En effet, quelque soit son état social et sa position de fortune, un homme ne peut se suffire à lui-même, ni porter la vie avec satisfaction, sans un travail quelconque qui le rende au moins utile à autrui, utile à son pays, s’il n’est pas nécessaire, à sa propre existence. Le travail est la condition de l’homme quel qu’il soit. Il faut que socialement, moralement ou industriellement, il produise quelque chose, sous peine d’inutilité et conséquemment de déchéance personnelle.

L’égoïste qui ne vit que pour lui est la plaie de la société dont il ne mérite pas d’être considéré comme l’un des membres puisqu’il ne veut rien faire pour elle.

L’Institut Canadien fut donc formé dans un but d’étude, de travail associé, de perfectionnement intellectuel et de progrès moral. Son premier motto a été :

Le travail triomphe de tout !

Voilà l’idée du présent : et de là il est passé à cette autre :

Altius tendimus !


qu’il a gravée sur son sceau et qui est le mot de l’avenir.

Nous tendons plus haut ! c’est-à-dire : Après avoir voulu le bien nous voudrons le mieux !  !

Le travail, c’est le moyen, mais le progrès c’est le but !  !

Or le progrès est indéfini, lent peut-être quelquefois, mais irrésistible comme le temps. Quelque progrès que nous réalisions, soit au point de vue social soit au point de vue individuel, nous devons toujours nous écrier : Altius tendimus ; car c’est là le mot essentiel soufflé par la Providence à l’oreille de l’humanité quand elle lui a donné le monde pour empire.

Voilà donc, Messieurs, les deux idées fondamentales qui ont présidé à la fondation de notre Institut :

Travail et Progrès.

Cette idée fut parfaitement comprise par les uns, un peu trop comprise peut-être, depuis, par les autres !  !


III


Une fois l’Institut formé, une fois ce moyen d’instruction créé pour la jeunesse de Montréal, les hommes déjà mûris par la réflexion et l’étude, ou ceux qui s’étaient déjà acquis une position par un travail quelconque, sentirent l’à propos d’encourager ces jeunes gens qui, d’eux-mêmes et par le simple désir du bien, du perfectionnement individuel et du progrès général, s’unissaient dans une action commune pour se préparer à mieux étudier et approfondir les sciences humaines. Grand nombre d’amis des lettres et de l’éducation s’empressèrent de faire des dons de livres à l’institution naissante, et après trois ou quatre ans, l’Institut possédait déjà, provenant des dons de ses amis, une bibliothèque de quinze cents volumes. Une grande activité intellectuelle se manifesta de suite, et les séances étaient suivies par un nombreux auditoire de membres et d’amis qui s’intéressaient vivement au progrès de la nouvelle association.

De la discussion habituelle des différentes questions, politiques ou sociales, on passa à la lecture d’essais élaborés avec soin dans le travail du cabinet, et l’on finit par organiser ces soirées littéraires si intéressantes pour les promoteurs et les amis de l’institution, où quelques esprits d’élite venaient de temps à autre faire part au public qui les avait encouragés, du résultat de leurs travaux. C’est à l’Institut Canadien que revient l’honneur d’avoir inauguré, dans la population française de cette ville, les lectures publiques d’essais préparés en vue de ces fréquentes réunions de l’élite de notre société auxquelles nous avons tous pris part, réunions qui offraient aux amis de l’Institut la preuve tangible des résultats obtenus.

Les sympathies du public étaient donc acquises à l’Institut, l’encouragement qu’il lui donnait était cordial et permanent parce qu’on était journellement témoin d’un progrès manifeste chez ses membres. Ses réunions étaient une école où l’on s’habituait à penser, à parler en public, où l’on se formait aux luttes oratoires, aux discussions de la