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ce que l’astrologue comme ils l’appelaient, avait cru découvrir ; d’autres enfin refusèrent même de mettre l’œil au télescope, bien convaincus, disaient-ils que cet instrument de sortilège et de magie leur ferait voir le diable en personne. Ainsi on ne sait quoi l’emportait, de l’imbécillité, de l’ignorance ou de la mauvaise foi.

C’est de ce moment que le fanatisme commença à gronder sourdement. Néanmoins, tant que Galilée resta dans les États de Venise, il fut protégé contre les haines des esprits arriérés ; car l’inquisition n’avait pas, sous le gouvernement de Venise, la puissance que, pour le malheur de Galilée et de l’avancement de la science, elle possédait dans la Toscane et dans les États de l’Église.

Galilée était donc enfin entré dans une phase de prospérité et d’aisance qui lui avait toujours été inconnue. Son nom se répétait d’un bout à l’autre de l’Europe ; il comptait à Padoue et à Venise surtout des amis dévoués et puissants qui l’eussent sans doute mis à l’abri des odieuses persécutions dont le gouvernement de Toscane ne put le préserver ; rien ne l’entravait dans ses travaux ni dans la libre expression de sa pensée, car, à Venise, on jouissait de plus de liberté que partout ailleurs dans tout ce qui était purement du domaine de la philosophie.

Ce fut donc une bien fatale détermination que celle qu’il prit tout-à-coup de retourner en Toscane. On ne sait pas exactement quels furent ses véritables motifs. Il avait été maltraité par les Médicis ; il ne pouvait plus, en Toscane, compter sur la protection des amis qu’il laissait à Venise : car à cette époque où les droits de l’individu, n’avaient pas d’existence, en quelque sorte, personne ne pouvait se passer de protection s’il revenait dans un pays où les péripatéticiens avaient toute influence, et ils étaient, généralement parlant, ses ennemis, parce qu’il avait tué la scolastique et ses misérables routines ; il revenait, lui, un des esprits les plus énergiques et les plus indépendants qui aient existé, dans un pays où il allait se trouver à la merci de l’Inquisition, ce terrible tribunal dont la mission et la tâche ont été de tout temps de blâmer tout changement, de repousser toute amélioration, d’enrayer tout progrès, d’anéantir toute découverte, de comprimer toute intelligence, de tuer toute liberté, de détruire toute indépendance d’esprit, de prohiber toute manifestation de raison et de génie, de proscrire toute