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même par en attirer au gouvernement Toscan, qui s’est toujours fait remarquer par sa déférence envers l’Inquisition. Il conseille au Grand-Duc d’engager le prince Charles, son frère, qui venait d’être créé cardinal et qui se disposait à partir pour Rome, à fuir les savants avec le plus grand soin, parce que le Pape les aime si peu que chacun s’efforce de paraître ignorant ; enfin l’Ambassadeur termine en disant qu’il y aurait péril, pour le nouveau cardinal, à prendre Galilée sous sa protection.

Ces assertions sur l’éloignement de Paul V pour les savants peuvent paraître étranges, mais elles sont confirmées par le témoignage de plusieurs écrivains ecclésiastiques contemporains.

Galilée fut donc obligé de s’en retourner à Florence, et de renoncer à enseigner le véritable système du monde. Ce fut tout à la fois, pour ce grand homme, une cause de chagrin et d’humiliation que d’être obligé de garder un silence absolu sur une question de cette importance, dont la démonstration était due à son génie.

À Florence, Galilée continua ses recherches et ses travaux scientifiques, mais sans les publier, la sentence dont il venait d’être atteint lui ayant fait comprendre qu’il n’était pas toujours prudent d’avoir trop de génie. Le seul ouvrage qu’il publia de 1616 à 1632, époque où on lui fit subir la brutale persécution qui se termina par son abjuration, fut le Saggiatore, qui parut en 1623. C’est un ouvrage de pure polémique scientifique, en réponse au père Grassi de la Compagnie de Jésus, sur la nature des comètes.

C’est dans cette année, 1623, que le cardinal Barberini fut élu Pape sous le nom d’Urbain VIII. Il avait toujours été l’ami et l’admirateur de Galilée, et même il avait, en 1620, composé une pièce de vers à sa louange. L’Académie des Since, dont Galilée était membre, lui dédia le Saggiatore ; et Galilée, rempli d’espoir par cette nomination, dont il tirait un heureux augure pour lui-même, fit un troisième voyage à Rome pour féliciter son ancien ami sur sa promotion à la Papauté. Urbain VIII le reçut avec les plus grandes démonstrations d’amitié, le combla d’honneurs et de présents et lui remit, à son départ de Rome, un bref adressé au Grand-Duc, dans lequel il louait sans réserve son savoir et sa piété.