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Galilée avait eu un double but en se rendant à Rome. Non seulement il voulait féliciter le Pape sur sa promotion, mais il voulait surtout sonder le terrain relativement à la condamnation des doctrines auxquelles il avait voué sa vie, et voir s’il ne serait pas possible d’assoupir un peu les préjugés hostiles au système de Copernic. Il jugeait le moment favorable, comptant, comme il le faisait, sur l’amitié, l’influence et la protection du chef de la chrétienté.

Dans ses entretiens avec le Pape ou avec les personnages influents de sa cour, il ne manquait jamais l’occasion de glisser quelques mots en faveur du système qu’on lui avait défendu d’enseigner, et il lui avait même été permis quelquefois de raisonner assez au long sur l’opinion que la croyance au mouvement de la terre ne pouvait pas être une hérésie. Néanmoins, tout ce qu’il put obtenir, ce fut quelques paroles de bon vouloir, quelques assurances de parfaite estime, mais tout se borna là. Cependant, une fois revenu à Florence, il se dévoua exclusivement à la composition de son grand ouvrage intitulé : « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde. »

Dans la vue de se conserver les bonnes grâces du Pape et de se créer des appuis parmi les cardinaux, il fit un autre voyage à Rome en 1628, et y retourna encore en 1630. C’est dans ce dernier voyage qu’il soumit à la censure l’ouvrage dont je viens de parler auquel il avait mis la dernière main. Les censeurs lui firent plusieurs corrections qui indiquaient une grande ignorance sur les matières qu’on y traitait, et permirent l’impression de l’ouvrage ; mais quelques jours après cette permission fut retirée.

Galilée s’en revint donc à Florence profondément découragé et en proie au cuisant chagrin de se voir, lui, le seul apôtre alors de la vérité scientifique, repoussé, maltraité, incapable de donner à sa pensée la publicité et la circulation. Néanmoins, il était si fort travaillé intérieurement par la conscience de son droit et de la vérité de son enseignement, par la certitude qu’il avait d’être le dépositaire de vérités sublimes et fécondes, par la passion que ressent tout vrai savant à propager la science, à disséminer partout les idées saines et les découvertes utiles, qu’il se décida à solliciter auprès des censeurs de Florence la permission qui lui avait été refusée à Rome.

Après de longues hésitations, l’Inquisiteur général de