Page:Dessaulles - Galilée, ses travaux scientifiques et sa condamnation, 1856.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 26 —

reçu le privilège de reculer, de franchir les bornes de l’esprit humain.

La publication des Dialogues prit véritablement les proportions d’un événement européen. L’effet fut prodigieux. Tous les savants de l’Europe applaudirent. De toutes parts Galilée reçut des compliments, des félicitations, des encouragements. On croyait, pour ainsi dire, voir poindre dans cet ouvrage l’aurore des progrès immenses que la science allait faire bientôt.

Galilée traitait incidemment, dans ses Dialogues, beaucoup de questions entièrement neuves à cette époque ; il y expliquait de nombreux phénomènes qu’il avait observés, étudiés ; et il y développait de nouvelles conséquences des découvertes qu’il avait faites antérieurement ; il y examinait tous les anciens systèmes de philosophie naturelle, les critiquait, les combattait, les réfutait, et en démontrait avec lucidité le faux et l’absurde.

Aussi ne faut-il pas demander si les Péripatéticiens, si les amis de la routine, si les esclaves du préjugé, si tous ces esprits arriérés que le poëte nous montre :

Au char de la raison, attelés par derrière,

si tous les fanatiques qui n’ont jamais su que jeter un cri de rage à chaque pas en avant de l’humanité, firent retentir les chaires profanes et sacrées de leurs clameurs et de leurs diatribes. Jamais encore on n’avait vu un homme élevé si haut par ses admirateurs, ravalé si bas, injurié avec tant de passion, par ses ennemis.

Quoique Galilée n’eut exprimé dans ses dialogues aucune conclusion définitive, aucune solution explicite sur l’objet principal qu’il avait en vue, la démonstration du système de Copernic, les arguments présentés au soutien de ce système étaient si concluants, ceux apportés en opposition si peu satisfaisants, que la véritable conclusion se présentait forcément à l’esprit. Malgré l’absence de conclusions, le mouvement de la terre se trouvait démontré, à l’encontre de la défense de la Sacrée Congrégation de l’Index. Il n’en fallait pas davantage pour soulever en masse tous les Péripatéticiens de l’Italie, pour qui le Ciel restait incorruptible parce qu’Aristote l’avait dit. Ceux de Rome particulièrement se mirent à l’œuvre, et un nombre incroyable de pamphlets, de discours, de dissertations, de sermons, furent