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même a déclaré cet établissement précieux à la religion ! Et elle ne sait pas par elle-même s’il est contraire à la charité et à la justice de dire qu’il n’a de catholique que le nom, etc., etc.

Enfin le Nouveau-Monde, le propre journal de S. G. solennellement approuvé par Elle, fait depuis deux ans du persifflage impudent à l’égard de l’Archevêque ; apprend aux fidèles qu’il s’est défait de l’esprit romain, — fait où je ne verrais pas le moindre inconvénient quant à moi, surtout sur ce qui concerne le temporel ; mais l’assertion n’en est pas moins une insulte pour lui, — et montre combien il était devenu nécessaire d’administrer à haute dose les remèdes amers à ce grand malade !  ! Et pour découvrir ici quelque chose de contraire à la justice et à la charité, S. G. a absolument besoin du microscope romain !  ! C’est seulement si on lui dit à Rome que c’est mal que S. G. commencera à s’en douter !  ! S. G. ne verrait-elle donc absolument que ce qu’elle veut voir ? Il y a longtemps que je le sais, moi ; mais à présent il en est bien d’autres qui commencent à comprendre.

Non ! il n’y a aucune sincérité dans ce passage de la lettre de S. G. Il a été écrit pour la masse ignorante. Quant aux hommes un peu clairvoyants, S. G. se dit in petto : « ils ne sont pas assez nombreux pour que je me préoccupe beaucoup de ce qu’ils en penseront. » Voilà la vérité !

S. G. nous informe ensuite qu’elle n’a pas reçu de réponse à sa demande d’examen. Je n’en suis certes pas surpris, car le Cardinal Barnabo, dont les manières sont passablement brusques quelquefois, a dû se dire, en voyant une si prodigieuse demande : « Mais ce bon Évêque se comprend-il bien lui-même ? »

Et qui sait si son mot charmant sur les saints : « Je les aime bien mieux morts que vivants… » ne lui est pas revenu involontairement à l’esprit ?

On n’a donc pas répondu à Sa Grandeur, nous dit-elle. Que l’on n’ait pas directement répondu à son inconcevable demande, cela n’a en vérité rien d’étonnant ; mais la lettre du Cardinal aux Évêques du pays n’aurait-elle pas pu être regardée par S. G. comme une réponse ? Elle demande un examen des mêmes journaux qu’Elle sait avoir été déférés par l’Archevêque ; on lui adresse de Rome un document dans lequel on l’engage à faire cesser les querelles des feuilles catholiques qui causent du scandale ; elle baise le vénérable document avec une souveraine vénération, mais il ne lui vient pas à l’idée que ce puisse être une réponse et qu’elle doive le regarder comme tel ; exactement comme elle ne s’était pas doutée que les insultes de ses fils d’obéissance aux Évêques fussent une violation des saintes règles, etc., etc. Ne serait-ce pas là se moquer d’un public à peu près un million de fois plus qu’il n’est permis ?

Mais S. G. tire une conclusion excessivement remarquable du fait que l’on n’a pas directement répondu à la demande qu’elle faisait avec tant d’apparente gravité. Mais c’est cette conclusion là même, à mon humble avis, qu’elle tire aux cheveux au point que je crois l’entendre crier. « On n’a pas fait mention de ma demande dans le document apostolique, c’est donc que l’on n’a pas eu l’intention de les blâmer, (ses deux fils d’obéissance) plus que les autres ! » Quels autres ? Seraient-ce par hazard les journaux que S. G. accuse l’Archevêque de n’avoir pas déférés ? Mais s’ils n’ont pas été déférés comment peut-on parler d’eux ? Comment a-t-on pu blâmer les uns et les autres quand les autres n’ont pas été soumis ? Quelle jolie inadvertance ! Et combien S. G. doit regretter d’avoir bâti son syllogisme un peu trop à la hâte ! Elle ne s’est pas aperçue que l’un des deux termes de comparaison qu’Elle avait dans l’esprit, manquait dans les faits !  ! Elle n’a pas songé que l’on n’a censuré à Rome que les journaux que l’on a vus, et que l’on n’a pas pu censurer ceux qu’Elle reproche si fort à l’Archevêque de n’avoir pas déférés ! Par quel procédé de raisonnement a-t-elle donc pu arriver à la brillante conclusion que les journaux examinés ne se trouvent pas plus censurés que ceux qui