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prit ni même la lettre !  ! S. G. veut absolument voir ce qui n’est pas dans la loi, se refuse absolument à voir ce qui s’y trouve sans doute possible, et puis Elle vient faire la leçon à ceux qui sont chargés de régulariser ses actes extra légaux ! Ah ! S. G. méritait richement une leçon bien autrement sévère que celle qu’elle a reçue !

S. G. n’a donc pas vu que la loi qu’elle discute est une loi exceptionnelle passée seulement pour couvrir sa désobéissance à la loi générale ; qu’elle n’avait aucunement pour objet de régler la tenue des régîtres de l’État civil par les Curés (car cela est réglé depuis longtemps, et elle le sait) mais uniquement de donner le caractère légal à des régîtres privés de ce caractère parcequ’ils ont été tenus en dehors des dispositions de la loi par des prêtres qui ne sont pas curés puisque les églises qu’ils administrent ne sont pas civilement reconnues comme paroisses, et qu’ils ne montrent pas à leur face les formes légales que la loi exige.

S. G. a fait démontrer à sa manière dans le Nouveau Monde que l’Église ne devrait pas être soumise à cette reconnaissance civile, et a fait parler de droit gallican, d’hérésie, etc., etc., etc., mais même si S. G. avait raison dans ce point de vue, ce n’est pas en rusant avec la loi qu’elle la changera, mais en demandant à l’autorité compétente de la modifier. Mais voilà précisément l’un des points où ses amis qui ont vécu de son influence n’oseront pas la soutenir ; et cela pour l’excellente raison que l’état ne peut pas se suicider en se subordonnant à l’église.

En lisant la loi que S. G. discute avec si peu de bonheur, il saute aux yeux que cette loi n’a parlé que d’églises non-curiales ou extra-paroissiales. La chose est si évidente qu’il n’est réellement pas admissible que S. G. ne l’ait pas vue. Cette loi ne parle que d’églises, chapelles particulière ou missions, et cela en rapport direct avec le fait que certains régîtres n’ont pas été authentiqués de la manière requise par la loi ; donc il ne peut pas s’agir d’églises paroissiales dont aucune en Canada n’est dans le cas récité dans la loi. La loi ne parle pas non plus de curés, mais de prêtres autorisés à faire des baptêmes, mariages et obsèques dans aucune église, chapelle particulière ou mission. Il est donc évident per se que la loi n’a trait qu’à des régîtres irrégulièrement tenus, à la légalisation desquels elle dit qu’il est nécessaire de pourvoir. Et elle va jusqu’à expliquer nettement qu’elle n’aura d’autre effet que celle de légaliser les régîtres tenus dans les cas prévus — nécessairement les cas exceptionnels pour lesquels elle est faite — et qu’elle ne pourra comporter d’autres conséquences, ni affecter en rien au-delà de son objet direct la position civile actuelle des paroisses déjà existantes. Qu’y a t-il de plus clair ? Il n’y a pas deux interprétations possibles ! Serait-ce donc là la raison qui a fait tomber S. G. sur une interprétation impossible ? Elle est dans une erreur qui fait peine chez un homme de sa position, et c’est justement quand elle ne saisit pas le moins du monde le sens de la loi qu’elle vient faire la leçon à ceux qui ont l’habitude d’interpréter les lois et qui ont parfaitement compris celle-ci !

Eh bien, voilà l’homme qui, depuis trente ans qu’il est Évêque a commis vingt erreurs aussi pénibles pour ses amis, aussi risibles pour ses adversaires, et qui n’a jamais consenti à dire qu’il se fût trompé ! Souvent irréfléchi dans ses actes, toujours arbitraire dans ses décisions, poussant l’opiniâtreté jusqu’aux limites du possible, il n’a jamais voulu reconnaître un tort ! Et quand la Législature pousse la condescendance jusqu’à régulariser ses actes illégaux au lieu de le laisser se débattre comme il pourrait devant les tribunaux avec ceux dont il a gravement compromis la fortune et les droits, il vient encore faire du parlage et de la petite ruse pour obtenir des juges ce que la Législature lui a refusé : la reconnaissance comme curés de prêtres administrant des paroisses non érigées civilement !  !

Et qu’y a-t-il réellement au fond de tout cela ? Rien autre chose que l’idée ultramontaine aussi arrogante qu’a-