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ment des actes que Mgr Langevin les informe enfin leur être absolument interdits ?

Il y a donc eu ici des Évêques qui ont enseigné le faux, ou qui ont fermé volontairement les yeux quand il s’est produit ! Il y a donc eu des Évêques qui ont permis à leur Clergé de faire ce qui lui est absolument interdit ! Est-ce là veiller avec soin à l’intégrité de la doctrine et de la vérité ? Et ne nous est-il pas permis en pareil cas de penser avec le grand St. Athanase que « celui qui a reçu de Dieu la force de discerner la vérité ne doit pas s’attacher à des pasteurs ignorants qui défigurent la doctrine ? »

Je n’entre pas ici dans l’examen ou l’appréciation du fait que cet enseignement juste et vrai de Mgr Langevin n’est enfin venu que quand le parti tory — qui se dit conservateur par pur honte de son vrai nom — a eu absolument besoin de ce renfort. Je vois bien que ce n’est que quand on l’a cru en danger pour son lâche abandon de principes qu’il n’a jamais eus dans le cœur, mais qu’il a maintenus pendant un temps pour mieux tromper le Clergé, que l’on a enfin défini les règles à suivre. Je ne m’occupe donc ici que du fait qu’un droit a été définitivement reconnu aux citoyens par ceux qui semblaient devoir le leur contester toujours, et qui laissaient si bien dormir la vraie doctrine tant que sa définition eût put être utile au parti libéral.

Je suis heureux de voir qu’une grave source d’antagonisme entre les laïcs et le Clergé soit disparue. Je vois donc un principe juste et vrai enfin reconnu par un Évêque et je lui en sais gré, car quelle que soit la circonstance sous laquelle il se manifeste, quelles que soient les raisons qui nous ont valu sa consécration publique par un dignitaire ecclésiastique, ce principe une fois reconnu reste dans le domaine public, et constitue une nouvelle victoire obtenue par le laïcisme sur la réaction cléricale. L’erreur correspondante est maintenant obligée de disparaître. On ne pourra plus la soutenir comme vérité, comme chose exigée par le bien de la religion. Ce principe de la non intervention du prêtre comme tel dans la politique est devenu un bien acquis au soutien de la vérité, et je m’en empare pour m’en servir au besoin. Les électeurs pourront donc toujours dire à un prêtre qui voudra les diriger en politique : « Vous êtes un faux pasteur ! Tel Évêque vous a informé qu’il vous est absolument interdit de traîner la politique dans le temple de Dieu. » Et quand les Évêques refuseront dorénavant de mettre à la raison les prêtres arrogants, les fidèles auront droit de leur dire : « Vous manquez à votre devoir puisque vous permettez à vos prêtres de faire ce qui leur est absolument interdit. »

Ainsi. Mgr, il faut toujours en revenir là : retomber sur sa propre conscience et sa propre bonne volonté pour le bien quand les pasteurs diffèrent. Quand je vois aujourd’hui Mgr de Rimouski sanctionner les principes que j’affirmais en 1863 et 1867 et que condamnait Mgr de St. Hyacinthe, (mais non dans une lettre pastorale), et même V. G. dans sa lettre sur les écoles du Nouveau-Brunswick, il me faut bien démêler le vrai du faux, déterminer lequel des deux Évêques se trompe, et par conséquent « choisir entre les pâturages. »

Autre singularité. On ne voulait pas en 1867 admettre notre droit de blâmer publiquement les prêtres qui violaient aussi publiquement notre droit le plus sacré sous un régime constitutionnel, celui de choisir au meilleur de notre connaissance et sans intervention du prêtre comme tel le député chargé de nos intérêts dans la législature ! On disait même dans les chaires que quand un prêtre se trompait, il ne nous appartenait pas de le dire dans un journal. Eh bien, que voyons-nous aujourd’hui ? Le Nouveau-Monde, organe de l’Évêché, fondé et surveillé par lui, se permet le plus inconvenant persifflage, les plus audacieuses moqueries sur le compte de l’Archevêque de Québec, et personne ici n’intervient pour protéger le plus haut dignitaire ecclésiastique du pays contre ces insultes ! J’étais impie pour combattre