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des prêtres qui faisaient ce qui leur est absolument interdit, et le Nouveau-Monde reste irréprochable, puisqu’on ne lui dit rien, quand il insulte un Archevêque qui a raison ! N’est-ce pas là une édifiante chose, Mgr ; condamner par pur esprit de parti un laïc qui a certainement raison ; et dans la même minute donner raison, encore par esprit de parti, au prêtre qui a certainement tort !  !

Serait-il donc vrai, Mgr, que ceux qui épousent la cause de V. G. peuvent tout dire et que tout leur est permis, pendant que ceux qui ont le malheur de ne pas partager ses idées sur la confusion du spirituel et du temporel seront condamnés pour soutenir des principes déclarés justes par ses propres collègues ? Est-ce que le vrai et le juste deviennent choses purement relatives selon que l’on approuve ou que l’on combat V. G ?

J’étais aussi traité d’impie quand je prétendais qu’il n’était pas convenable qu’un prêtre travaillât activement au succès d’un candidat plutôt que d’un autre, parcequ’il était contraire au bien de la religion et à l’union du pasteur et du troupeau qu’il se fît des ennemis de ceux qu’il combattait avec beaucoup trop de passion souvent dans l’ordre politique, surtout quand il abusait de la chaire pour faire triompher ses idées ou son parti. Je puis citer vingt évêques qui ont affirmé ce que l’on me contestait le droit de dire. Eh bien, que vois-je aujourd’hui ? Mgr de Rimouski n’est pas, je suppose, un impie, et que vient il-nous dire ?

« Il serait en outre pour le moins imprudent ou inconvenant de vous mêler de vous-même activement à une élection et de travailler ouvertement au succès de tel ou tel candidat ? »

Pouvait-on jamais ne donner plus clairement gain de cause ? L’impie ce n’était donc pas moi ! Le vrai impie était donc le prêtre qui violait ouvertement les règles ecclésiastiques, le prêtre qui foulait aux pieds toutes les convenances religieuses, le prêtre qui affirmait en chaire des principes faux, le prêtre qui outrageait en présence de Dieu la conscience individuelle !

Voilà Mgr des rapprochements qui montrent que la vérité à son tour tôt ou tard ; que la raison reprend toujours ses droits à une heure donnée ; que le bon sens n’est jamais impunément violé ; que le juste et le vrai finissent toujours à la longue par l’emporter sur le faux et l’injuste. J’avais certainement raison quand le Clergé me vilipendait d’un bout du pays à l’autre parceque je maintenais ce qu’un Évêque vient enfin de déclarer vrai ! J’avais certainement raison quand les Évêques défendaient de lire ce que j’écrivais en défense du droit le plus sacré du citoyen. Le Clergé n’est donc pas toujours dans le vrai. Les Évêques peuvent donc quelquefois enseigner le faux ! Un laïc peut donc avoir raison contre le corps. Et quand on finit par donner raison à ce laïc sans aucune référence directe à lui-même, mais par la seule force des choses et la seule logique des situations, il devient évident que c’était l’esprit de domination et non l’esprit de vérité qui inspirait ceux qui le condamnaient pour oser maintenir ce qu’ils avouent enfin être juste ! Ce que je blâmais chez les curés leur étant absolument interdit, d’où venaient donc les inspirations de mes contradicteurs ? Ne pourrais-je pas moi aussi faire ma petite « Comédie Infernale » et montrer le malin se glissant jusque dans les chaires des église pour souffler l’erreur, la calomnie et le mépris du lieu saint jusque dans l’oreille des pasteurs ?

Tout ceci, Mgr, n’expliquerait-il pas un peu pourquoi le respect pour le Clergé diminue ?

On se plaint sans cesse de ce que le prêtre est moins respecté qu’autrefois ; on gémit profondément sur l’accroissement de l’esprit d’insubordination. Pourquoi donc au lieu d’en chercher les causes seulement chez les autres, ne fait-on jamais un petit retour sur soi-même ? On trouverait peut-être dans ses propres écarts une explication que l’on veut absolument trouver à l’extérieur ! Comment veut-on que le respect pour le prêtre ne diminue pas quand, par pur esprit de parti politique, il déclare péché ce qui ne l’est pas ! Quels sont les prêtres que le