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les Évêques et les prêtres aussi. Personne n’ignore que l’Archevêque a délibéré s’il se rendrait au dîner, et qu’il n’y est allé que pour éviter le scandale qui résulterait de son abstention ; montrant en cela bien plus de sens chrétien, lui l’insulté quoiqu’invité, que ceux qui manquaient ainsi à toutes les convenances sociales et hiérarchiques. Et il est incontestable que la majorité des Évêques et des prêtres qui étaient là ont apprécié les choses comme je les dis ici et sont restés confondus ou irrités de voir V. G. non seulement laisser dire, sans observations subséquentes, des choses désagréables à ses invités, mais leur en faire Elle même !

Ainsi, à la messe du dimanche, à l’Évêché, à laquelle l’Archevêque assistait, — et là il était bien immédiatement l’hôte de V. G. — qui choisit-on pour le sermon du jour ? Précisément un prêtre qu’il a renvoyé de son Diocèse pour de très légitimes raisons. Ce choix dans votre propre église, Mgr, peut-il être regardé comme n’ayant aucune signification quand on sait quelle lutte ardente V. G. a faite à l’Archevêque à Rome, et surtout quand on repasse dans son esprit les choses injurieuses qui ont été dites à l’Archevêque dans votre propre journal ? Voilà donc un homme renvoyé par l’Archevêque qui lui fait la leçon sous l’égide de V. G. dont il était l’hôte ! Certes, nous voilà loin de l’époque où V. G. s’écriait, dans une lettre pastorale que j’ai sous les yeux : (celle où il y a des choses que l’on ne doit pas communiquer aux fidèles) « À Notre Révérendissime Archevêque, rosée de la grâce et gloire éternelle !  ! Car il faut bien avouer que l’Archevêque actuel n’a reçu depuis deux ans dans le Nouveau-Monde, je ne dirai pas qu’une rosée de persifflage, mais des averses formidables et sans fin !

Puis qui choisit-on pour le sermon du grand jour ? Un autre prêtre, plus célèbre par son arrogance ultramontaine que par sa discrétion, renvoyé aussi de Québec par l’Archevêque précèdent pour ses insolentes attaques contre l’université, et les leçons qu’il lui adressait à lui-même en pleine cathédrale ; et auquel l’Archevêque actuel a dû refuser net sa réinstallation à Québec. Voilà encore l’homme que l’on choisit pour faire mille allusions désagréables que tout le public à comprises comme s’adressant à l’Archevêque, à d’autres Évêques, et aux prêtres de St. Sulpice !

Je vois que l’on proteste aujourd’hui avec la plus charmante bonhomie et une placidité d’expression ravissante, que l’on n’a… jamais… songé… à pareille chose : que l’on entretient le plus profond respect pour Sa Grâce, etc., mais le public sait parfaitement à quoi s’en tenir sur ces protestations après coup et les accepte exactement pour ce qu’elle valent.

Et ce n’est pas encore tout.

Si jamais homme en ce pays s’est permis un persifflage impudent vis-à-vis d’un supérieur ecclésiastique, c’est certainement M. le Chanoine Lamarche contre l’Archevêque actuel de Québec. C’était scandaleux pour ceux qui comprenaient, car on le calomniait et on le persifflait sous tous les dehors du plus grand respect. Eh bien c’est précisément ce prêtre, dont l’arrogance est passée en proverbe, et dont le manque de loyauté envers autrui a été si souvent prouvé, que V. G. choisit pour l’accoler au digne homme qui est son grand vicaire,[1] se rendre en leur compagnie au Séminaire, et se faire assister sur les marches du trône épiscopal ! Autant le choix de l’un devait être agréable à tout le monde, autant celui de l’autre était malheureux et significatif ; car, en le plaçant ainsi immédiatement près d’elle et en face de l’Archevêque dans la grande cérémonie, V. G. disait implicitement à celui-ci et aux prêtres de St. Sulpice qu’il a si gravement insultés de tant de manière : « Vous voyez cet homme ! Eh bien, c’est avec lui et non avec vous que je suis uni de cœur et de pensée ! C’est lui qui représente mes idées ! C’est lui qui,

  1. M. le grand-vicaire Truteau est mort quelques mois après.