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la récente question de l’université peut faire juger assez pertinemment des moyens qu’Elle a pu employer contre nous à Rome où elle se trouvait à l’abri de toute surveillance de notre part ; et enfin que le fait seul qu’Elle a réussi à se mettre en guerre ardente avec tout le monde permet de croire que celle qu’elle nous a faite sans trêve ni merci était peut-être plutôt un simple effet de caractère que l’accomplissement d’un devoir consciencieux et réfléchi. Ah ! Mgr le faux finit toujours par retomber sur ses auteurs de tout le poids de l’exagération qu’ils ont mise à l’imposer comme chose juste à un public façonné à ne rien examiner. Et l’on comprend aujourd’hui mieux que jamais la nécessité qui existe pour tout homme sensé d’examiner bien tout. Il est plus qu’évident qu’habituer les gens à ne rien examiner parceque c’est un ecclésiastique qui agit, c’est les habituer à ne pas agir sensément.

Ah ! Mgr, comme vous voilà vengés ! Quel crime V. G. ne nous a-t-elle pas fait de soumettre à l’opinion publique nos dissidences et nos luttes avec elle ! Et voilà que nous la voyons aujourd’hui obligée de venir soumettre à cette même opinion publique ses propres luttes contre l’Archevêque et l’université Laval, et plaider elle-même sa cause devant ce même tribunal auquel nous étions des impies d’en appeler ! Quelle meilleure preuve que le faux finit toujours par se déjuger lui-même !

Eh bien, Mgr, la conclusion à laquelle nous en sommes venus depuis longtemps, que V. G. est loin d’être toujours parfaitement sincère à l’égard de ceux qui résistent à ses volontés, conclusion que le public a hésité pendant bien longtemps d’admettre comme juste ; cette conclusion est aujourd’hui acceptée par presque tous ceux qui ont lu l’étrange lettre dont je parlais tout à l’heure et que V. G. a adressée au Nouveau Monde le 9 du courant. Si quelqu’un doutait encore que V. G. pût recourir à des moyens adroits pour agir sur l’opinion, ce doute n’est réellement plus permis après cette singulière maladresse.

Quoi ! c’est après avoir laissé le Nouveau Monde insulter depuis deux ans l’Archevêque de toutes manières qu’Elle s’en vient officieusement l’inviter à le respecter ! C’est quand il ne reste plus rien d’insultant à dire que V. G. s’en vient pastoralement recommander une polémique plus décente ! C’est quand tous les coups sont portés que V. G. se met avec empressement à prier Dieu de donner à tous sa divine sagesse ! Quel dommage, Mgr que V. G. n’ait songé à prier qu’après la dernière et centième insulte ! N’eût-il pas été un peu plus chrétien, surtout pour un Évêque, de commencer à prier dès la première ? Ah ! nous comprenons, Mgr et nous comprenons trop ! Personne ne se laisse prendre à cette tardive exhortation, à cette recommandation après coup, à ce charitable conseil de modération qui a attendu pour se produire que tout le fiel fût bien épuisé ! Si V. G. a édifié un certain nombre d’aveugles, Elle a beaucoup amusé ceux qui voient clair.

V. G. s’est aperçue que l’on manquait de sagesse… Et le public, lui, Mgr, s’est aperçu que V. G. avait mis un temps prodigieux à s’en apercevoir. Et chose remarquable, V. G. ne paraît pas même s’être doutée que cette petite tactique crèverait les yeux de tous ! Ah ! Mgr c’est un peu trop compter sur la niaiserie des autres ! La comédie est trop transparente. Ce n’est plus la comédie infernale, c’est la comédie maladroite !

Et à l’appui de ce que je dis ici, Mgr, viennent les articles du Franc-Parleur, que V. G. elle-même invitait naguère à parler haut comme M. Veuillot. Pourquoi pas un avis au Franc-Parleur aussi ? V. G. suppose-t-elle le public assez obtus pour ne pas voir que l’on met aujourd’hui dans le Franc-Parleur ce que l’on n’ose plus dire dans le Nouveau Monde ? Ah, de grâce, Mgr, veuillez au moins nous concéder le bon-sens ordinaire.

Comment croire que les propres valets de plume de V. G. soient bien intimement persuadés de sa parfaite sincérité dans son petit avis au Nouveau-Monde quand ce journal ne s’excuse même pas après cet avis, mais confirme ses insultes tout en se pro-