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clamant sincèrement fils de l’obéissance !  ! et quand le Franc-Parleur vient immédiatement renchérir sur lui ? Mais voyez donc, Mgr, comme la fleur des pois de l’ultramontanisme s’en vient brutalement démolir l’épiscopat local et découvrir irrespectueusement les pieds d’argile des idoles ! Qui donc vient nous faire apprécier « la lourde phraséologie de la Grandeur de St. Hyacinthe, qui se tourne gauchement de droite à gauche et prend un air pompeux et gourmé !… » Qui donc nous peint respectueusement l’Évêque d’Ottawa « qui nage si bien entre deux eaux, vrai loose fish du Haut-Canada, très-habile à louvoyer adroitement et à ménager la chèvre et le chou, » chose toute naturelle, du reste, puisqu’il vit dans le voisinage immédiat « du renard rusé et du loup traître et sournois, » dont il semble prendre des leçons ! Et c’est un prêtre qui nous parle ainsi de ceux pour qui on exige des laïcs un respect sans bornes !  !

Nous ne sommes donc pas de si grands criminels quand nous osons penser que tous les Évêques ne sont pas des génies, et que tous les princes de l’Église ne sont pas des saints ! Quelle singularité ecclésiastique ! C’est une abomination à nous de dire tranquillement ces choses pour expliquer des fautes palpables, quelquefois grossières ; et c’est une vertu chez le prêtre inspiré par l’esprit de parti et surtout de rancune, de parler ainsi des Évêques ! En vérité, Mgr il semble évident que Dieu a décidé de perdre quelqu’un.

Mais arrivons à l’Archevêque. C’est à lui que la plus grosse mitraille ultramontaine est réservée. « Supériorité arrogante, autocratie impérieuse et arbitraire, froid dédain mal déguisé pour toute autre supériorité, odieuse et basse jalousie de toute autre grandeur que la sienne, crainte malsaine de descendre de cette hauteur !  ! »

Comment V. G. trouve-t-elle cette riposte de l’un des fils d’obéissance à sa paternelle exhortation ? Rappelé par V. G. au respect du à l’Archevêque, voilà comme le saint libelliste répond à l’appel, et V. G. espère que Dieu lui infusera sa sagesse ! Je crains bien, Mgr que le bon Dieu lui-même n’ait trouvé l’entreprise désespérée, car les folies ont continué de plus belle. Tout cela n’est-il pas plein d’édification ? Mais continuons. Je suis heureux d’apprendre de la bouche même d’un prêtre écrivant sous les encouragements de V. G. ce que peuvent valoir intrinsèquement ses collègues.

« Le gros canon de la Citadelle (l’Archevêque) a donc fait une décharge et donné son humble opinion. Piteuse figure que fait là cette pauvre humilité ! Mais comment croire que l’on puisse tromper les autres si effrontément ? On va donc repousser cette opinion (de l’Archevêque) avec horreur, et lui appliquer le Vadè retro… » Il n’y manque que Satanas, Mgr mais on invite le lecteur à suppléer ! Comment se fait-il que V. G. ne trouve aucun venin infect dans ce persifflage, pas même la tête hideuse de la calomnie ? Évidemment, Mgr la sagesse de Dieu n’est pas ici ! Le souhait de V. G. n’a clairement pas été exaucé !

Et un peu plus loin, un autre prêtre nous informe, en tout respect sans doute pour l’Archevêque, que « sa ruse a extorqué un mot du Cardinal Barnabo » ; qu’il y avait malhonnêteté évidente à poser ainsi une interrogation, qu’on voulait tromper le public, et que tous ces procédés sentent trop la fourberie grecque… » Mais grand Dieu ! Mgr Voltaire lui-même n’a jamais mieux dit que ces deux prêtres sur les hauts dignitaires ecclésiastiques !  ! Et au moins il le disait avec esprit !  !

Autrefois les Augures riaient bien, mais ils ne se déchiraient pas ainsi !

Au reste, il y a longtemps que je sais, et j’en vois la preuve aujourd’hui, que quand on veut faire déchirer un prêtre comme un laïc ne le saurait faire, il faut s’adresser à un de ses confrères. Jamais encore en ce pays laïc n’a dit des prêtres ce que ceux-ci disent aujourd’hui les uns des autres ! Mais que résulte-t-il de tout cela ? Car enfin il y a une conclusion pratique à tirer de tant de dures vérités échangées entre ecclésiastiques ? Ou ces