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l’Institut-Canadien parcequ’il représente le principe du droit à l’étude dans une société où l’on voudrait murer l’intelligence publique dans l’Index, j’ai cru qu’il était utile de faire ressortir, par le récit des criantes injustices dont les membres du Clergé se rendent quelquefois coupables les uns envers les autres, à combien plus forte raison ils peuvent maltraiter des laïcs sous les moindres prétextes.

Les mensonges du Nouveau-Monde sur le compte de l’Institut et de ses membres ont été tout aussi odieux, tout aussi prémédités que les honteux persifflages qu’il s’est permis à l’adresse de l’Archevêque de Québec, ou ses insultes répétées à des prêtres vieillis dans l’étude. Traité comme je l’ai été par Mgr de Montréal qui m’a un jour formellement refusé de m’indiquer les prétendus blasphèmes qu’il m’avait publiquement reprochés, blasphèmes qui n’existaient que dans une imagination esclave de l’idée préconçue, j’ai cru pouvoir montrer jusqu’où les ecclésiastiques peuvent aller quand ils se querellent. Quand ils sont si injustes, si violents les uns envers les autres, comment seraient-ils toujours justes envers les laïcs qui veulent défendre leur libre-arbitre contre l’esprit de domination du corps ? Je sais bien qu’après nous avoir déclaré une guerre acharnée et nous avoir grossièrement calomniés dans les feuilles religieuses, on va me dire que c’est par pure hostilité que je parle. Nos détracteurs ont toujours le droit de la calomnie et nous contestent avec colère le droit de la défense. Quand ils nous insultent, ils sont toujours dans leur droit ; mais si nous portons la guerre chez eux, si nous rétorquons avec plus de force qu’on ne l’avait prévu, nous sommes des impies ! Nous n’avons pas d’autre liberté, nous, que celle de nous soumettre aux « violents » qui ne veulent rien entendre.

— Eh bien, je ne suis pas de ceux qui restent muets devant l’injustice ; qui laissent au fanatisme ses coudées franches ; qui baissent la tête quoiqu’ayant raison parceque c’est un prêtre qui parle ; qui laissent l’ignorance hautaine se pavaner dans la presse sans oser la démasquer. J’ai attendu qu’une occasion favorable se présentât, et quand j’ai vu les irréprochables pris aux cheveux, je me suis dit : « Montrons donc un peu ce que sont ces hommes qui veulent tout contrôler hors de leur sphère légitime, et qui se contrôlent si peu eux-mêmes derrière les grilles de leurs maisons ! Montrons un peu ce qu’est ce parti ultramontain qui n’a que la domination pour but et l’anathème pour moyen ; qui prétend n’être mu que par l’instinct de la charité, et qui semble n’obéir jamais qu’aux inspirations de l’orgueil ; qui enfin parle sur tous les tons de mansuétude apostolique et qui la pratique en montrant à tout le monde les dents de l’intolérance et du fanatisme !! »

En présence de l’ultramontanisme s’affirmant avec arrogance, j’ai cru qu’il était bon de réclamer énergiquement pour le libéralisme la place qui lui appartient au soleil. Le droit ne doit pas reculer devant l’usurpation.

L. A. D.

N. B. — Je prie les lecteurs de vouloir bien, en lisant ces deux lettres, ne pas perdre de vue les dates auxquelles elles ont été respectivement écrites.