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sang-froid, un acte aussi atroce. — « Oui, dit-elle, j’avais tout mon sang froid, et j’aurais de beaucoup préféré les tuer du coup et mettre ainsi fin à leurs misères, que de les voir remis en esclavage pour être tués lentement et par morceaux. »

On lui demanda enfin si elle préférait retourner au Sud ou avoir son procès de suite dans l’Ohio, avec chance d’être pendue pour meurtre. Elle répondit avec une effroyable détermination : « J’aime bien mieux danser au bout d’une corde que de retourner être esclave !  ! »

Mais la malheureuse n’eut pas même cette horrible satisfaction. Dans le conflit de juridiction qui s’éleva à-propos de son crime et de sa fuite, la loi d’un état libre devait céder le pas à l’intérêt esclave. Cette femme avait commis un meurtre, avec tentative d’en commettre d’autres, sous la juridiction de l’état de l’Ohio ; mais elle était en même temps esclave fugitive. Si elle eût été jugée à Cincinnati et pendue, son maître perdait sa valeur. Il se trouva donc un juge fédéral, tenant sa charge comme les cinq-sixièmes des employés fédéraux, du pouvoir esclave qui, comme je vous l’ai dit,