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sur le mariage et le divorce

nitivement rangé parmi les sacrements qu’au XIIe siècle par Pierre Lombard. Voilà pourquoi on commence alors à prononcer l’ego conjungo à la place de la formule purement déprécatoire adoptée jusque là. Alors le prêtre était regardé comme ministre de ce sacrement comme de tous les autres et on aurait sans aucun doute brûlé quiconque aurait voulu contester le principe du prêtre ministre du sacrement. L’ego conjungo découlait naturellement de la bénédiction-sacrement donnée par le prêtre. Sans cela, il n’eût eu aucun sens comme aujourd’hui. Néanmoins la prétention ne fut pas généralement admise de suite. Comme tous les empiétements de l’Église sur la loi civile celui-là eut sa période d’incubation et il fallut un peu de temps pour le faire accepter. Encore au XIIIe siècle saint Louis ne fait donner la bénédiction nuptiale à sa propre fille que huit jours après la consommation du mariage.[1] On considérait donc encore le mariage comme acte purement civil. Puis on le faisait bénir pour en faire un acte de religion.

Un autre fait prouve assez clairement qu’avant le XIIe siècle l’Église n’avait pas encore juridiction exclusive sur les questions matrimoniales. Ce n’est qu’au commencement de ce siècle, après que Grégoire VII eût déclaré l’Église seule juge de ces questions, qu’elle organise partout ses officialités

  1. Jules Tissot, Mariage, séparation, et divorce, p. 122.