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sur le mariage et le divorce

fait hors de la présence du prêtre est nul, était correct, il n’y aurait pas de femmes légitimes, pas d’enfants légitimes par conséquent chez les juifs ou les protestants, les unitairiens ou les libres penseurs. Or affirmer pareille idée, c’est non seulement outrager la conscience de l’humanité et tous les plus nobles instincts du cœur, mais c’est aussi outrager les bonnes mœurs et le plus simple bon sens des choses. L’Église espérait évidemment faire de son décret Tametsi la règle absolue des unions conjugales, mais elle a dû ensuite reculer devant l’évidence des principes et les réalités des faits et des situations.

Cette prétention que le mariage catholique est seul valide et régulier remonte loin dans l’Église. Dès les premiers siècles on avait considéré comme nulle toute cérémonie nuptiale faite hors du sein de l’Église. C’est surtout aux mariages conclus sous le rite israélite que s’adressait la prétention, et dès l’année 305 le concile d’Elvire prohibe tout mariage avec un juif ou une juive, ou un gentil. Mais l’Église ne voulait pas non plus d’unions conjugales avec les dissidents en religion.

De suite la haine contre les Juifs meurtriers du Christ était devenue intense. Dès la fin du iie siècle on ne leur pardonnait pas de refuser de voir le Messie dans Jésus. Les Juifs, eux, ne voulaient pas admettre dans les prophéties le sens chrétien qu’elles ne comportaient réellement pas, mais ce refus