Page:Dessaulles - Les erreurs de l'Église en droit naturel et canonique sur le mariage et le divorce, 1894.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
les erreurs de l’église

regardait ces protestantes, mariées à des protestants hors de la présence du prêtre comme de simples concubines. Mais en les mariant à des catholiques, elle se préoccupait infiniment peu de la nécessité dogmatique de leur libre consentement, car si elles refusaient de prononcer le oui exigé elle les déclarait hérétiques obstinées et les faisait enterrer toutes vives ! Elle faisait donc des mariages nuls en droit canon puisqu’il n’y avait pas eu de consentement libre. Ces femmes n’étaient donc pas les épouses régulières et légitimes du second mari qu’on les forçait de prendre. Elles étaient donc concubines sous le second mariage. L’Église laissait donc violer impudemment ses propres règles et elle n’a jamais dit un mot pour faire cesser ces crimes dans son propre système ! Infaillibilité pratique sur les mœurs !

Dira-t-on que je fais allusion à une époque politique troublée dans les Pays-Bas ? Mais depuis la révocation de l’édit de Nantes en 1685 jusqu’à 1787 où le pouvoir civil a enfin rendu l’état civil aux protestants en reconnaissant leurs mariages, l’Église reconnaissait-elle le mariage protestant ? Elle considérait au contraire comme bâtards tous les enfants protestants, et c’est sur cette prétention qu’elle s’appuyait pour les faire enlever à leurs parents et les placer dans ses couvents. Les évêques ont jeté des cris de rage quand la loi eût reconnu un état civil aux protestants. Et si l’Église admet aujourd’hui le