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sur le mariage et le divorce

l’infaillible énormité commise. Or comme il n’y a pas de limites aux distinguo théologiques on a imaginé celui-ci : « Les protestants qui ne reçoivent pas le sacrement du mariage sont censés l’avoir reçu s’ils ont eu l’intention au moins implicite de se marier chrétiennement. » Or chrétiennement ici signifie selon les intentions de l’Église. Et voilà ! On ruse en toute loyauté avec les situations et on prétend avoir fait honnêtement la volonté de N.-S. J.-C. On suppose que le protestant a songé à ce qui ne peut lui être venu à l’esprit : se marier selon les intentions de l’Église, et on admet la validité d’un mariage que le concile a solennellement déclaré nul ! Les inférieurs sont obligés de démontrer dans la pratique que les supérieurs infaillibles ont fait un impair, mais la grosse masse l’ignore et on se préoccupe fort peu que quelques hommes intelligents connaissent la contradiction.

VII


Mais que faisait donc le clergé des Pays-Bas au XVIe siècle, dans la grande lutte contre le protestantisme que l’on a noyé dans le sang ? On séparait de leurs maris les femmes protestantes et on les mariait de force avec les soldats espagnols et, quand elles étaient riches, avec les officiers. Or cela se faisait sous les auspices de l’Inquisition qui représentait certainement l’Église et qui exigeait l’obéissance même des protestants au décret Tametsi. Elle