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les erreurs de l’église

parties se le conféreraient elles-mêmes mais la logique laïque, qui est celle du simple bon sens, ne saurait admettre ce sacrement sans ministre, et elle se permet de supplier l’Église de vouloir bien ne pas faire remonter au Saint-Esprit un paradoxe de ce calibre.

Le cardinal Gousset tombe dans la même confusion d’idées que le P. Didon. « Melchior Cano, dit-il, et quelques autres, paraissent croire que c’est le prêtre, qui est le ministre du sacrement. D’autres théologiens au contraire, dont le sentiment est le plus commun et le plus probable, ne reconnaissent dans le mariage d’autre rite sacramentel que l’acte extérieur et sensible par lequel les parties contractantes se prennent mutuellement pour époux. »[1]

  1. Que l’on veuille bien remarquer cette expression : plus probable. En théologie il s’agit sans cesse de probabilités, non de conclusion logique et de décision rationnelle. Voilà pourquoi la théologie finit par fausser si irrémédiablement l’esprit. En jurisprudence civile on pose un principe et on en déduit les conséquences qu’il comporte. En théologie il ne s’agit le plus souvent que de précédents et d’opinions. Un certain nombre de théologiens pensent ceci ; un certain nombre d’autres théologiens pensent cela, et l’opinion de ceux-ci est la plus probable. Comme qui dirait : l’incertitude érigée en système. Il semble aux gens qui peuvent réfléchir qu’en fait de morale ou de doctrine de salut dans le système, on ne devrait donner que des règles certaines, des règles qui ne laissent pas place au doute, à l’incertitude sur ce qui est devoir ou obligation de conscience. Loin de là le probabilisme théologique ouvre à tout instant la porte aux distinctions subtiles, aux lâchetés morales, aux décisions contradictoires, aux compositions illicites avec le devoir