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sur le mariage et le divorce

Il y a donc eu des théologiens qui ont soutenu le point de vue sensé de la question, savoir : Qu’il faillait un ministre conférant le sacrement là où il y avait sacrement. Et en 1817 l’abbé Boyer, qnoiqu’adversaire décidé du mariage civil, soutenait que le prêtre seul était ministre du sacrement, et non les fidèles. Mais le point de vue sensé des questions est bien souvent celui qui déplaît le plus à l’Église parce qu’il la rend justiciable du sens commun général. De là ce point de vue réellement peu sensé de la question qui donne comme rite sacramentel l’acte

    et l’honneur. C’est l’art de ruser avec sa conscience. Cicéron a dit après Zoroastre : « Dans le doute abstiens-toi. » Le casuiste catholique est venu, lui, dire aux gens que le scrupule n’étrangle pas : « S’il y a doute, pas n’est besoin de t’abstenir. » Le probabilisme est donc au besoin la porte ouverte à l’immoralité selon le caractère de ceux qui le prennent pour guide dans la vie. Combien de théologiens ont décidé qu’un catholique pouvait assassiner un souverain protestant ! Des papes eux-mêmes l’ont conseillé ! Trouve-t-on pareilles ruses avec le devoir et la conscience dans le droit civil ? Le légiste n’est-il pas, sur toutes les questions de justice réciproque, aux antipodes du casuiste ? Avec le probabilisme et la restriction mentale on peut commettre des actes criminels tout en gagnant le ciel. Les Jésuites ont été les plus fervents adeptes du probabilisme, et les dominicains en ont presque autant abusé. Mais baser un sacrement sur des opinions plus ou moins probables ; abandonner une opinion qui a été probable en un temps pour une autre que l’on déclare probable aussi parce qu’il a fallu faire une volte-face dans les applications, cela peut convenir aux ecclésiastiques qui s’aperçoivent qu’ils ont commis un impair, mais cela ne peut convenir à ceux qui se sont redressé l’esprit dans l’étude du vrai droit civil.