Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais j’affirme que le meilleur et le plus agréable dérivatif à l’esprit mondain et à la vanité insensée de nos jours, c’est de mettre dans la tête de nos filles le goût et l’habitude des choses de l’esprit. Nous sommes à même de faire des comparaisons entre les marionnettes mondaines et celles qui ont voulu continuer à s’instruire et c’est vers ces dernières que va toute notre confiance pour l’avenir du pays.


XXVI

La fortune sourit à ceux qui osent


Quand Virgile écrivait : « la Fortune sourit à ceux qui osent, » il devait avoir en vue ceux qui osent risquer leurs biens, leur vie même pour atteindre un but difficile et enviable. Ce vieil adage m’a fait penser, ce soir, au nombre considérable de ceux qui, dans l’ordre moral, n’osent pas, et je me demande comment il se fait que les plus hardis aient de si étranges timidités.

C’est donc bien difficile d’oser être bon, d’oser être sincère, d’oser toujours être soi-même ? Oui, nous le savons tous, hélas ! car nous en avons tous souffert.

Oser être bon ; nous croyons l’être , nous le sommes, mais d’une bonté qui n’est qu’une ébauche : nous avons pitié, nous désirons faire du bien, nous sommes émus et nous