Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des défauts d’autrui qu’à jouir de ses qualités.

Les âmes douces ont une perception très fine de la Beauté : elles la devinent, elles la trouvent, elles savent la faire sortir des choses qu’elle rend vivantes, et des gens qu’elle rend aimables.

On entend les amers reprocher aux bienveillants de vivre dans l’illusion ! Voyons qui, réellement, vit dans l’illusion ! Est-ce celle qui permet à l’amertume d’empoisonner sa vie, et à la défiance d’arrêter les élans de son cœur, dans la croyance qu’elle connaît la fausseté humaine ? Ou, est-ce celle qui devine, que sous des apparences défavorables, il peut y avoir des trésors cachés qu’elle s’ingénie à mettre au jour ?

« Quand on a beaucoup souffert par les autres », m’objecterez-vous, « on perd confiance dans l’humanité entière, et si l’on s’est senti très mal dans la vie, il est naturel de n’en pas dire de bien ».

Voilà où nous ne sommes pas d’accord.

Ce n’est pas parce que deux, quatre ou six personnes ont abusé de ma confiance ou trompé mon attente, que je ne puis espérer trouver des amis loyaux et dignes de toute ma confiance. Et tout en reconnaissant que la vie a des jours cruels, je serais ingrate et je manquerais de sincérité, si je ne savais admettre qu’elle garde aussi en réserve de beaux bonheurs graves, et des joies exquises, pour ceux qui ne perdent pas leur temps à