Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/40

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s’accordent cette jouissance facile, toujours à leur portée, et qui mettrait dans leur vie un intérêt et un charme qu’elles ne soupçonnent pas. Combien sont éloignées de leur meilleure amie, qui n’ont ni le loisir ni le goût de cultiver une amitié nouvelle et dont la correspondance régulière avec l’amie lointaine serait un réconfort et un véritable plaisir intellectuel. Je sais bien que vous me direz toutes : « Nous n’avons pas le temps ! » Je pense que vous êtes sincères et convaincues que vous n’avez pas le temps ; mais vous vous trompez et si vous voulez loyalement faire l’essai persévérant que je vous suggère, vous trouverez le temps et le bonheur que je vous promets.

Que de fois vous passez vos soirées seules… votre mari est sorti ou occupé, les bébés dorment, le silence invite au recueillement, vous vous ennuyez ; vous téléphonez à votre voisine de venir vous distraire ou vous ouvrez un roman bête ? Vous avez mieux à faire. Écrivez à cette amie que vous aimez, qui vous comprenait autrefois, et renouez avec elle cette chère intimité qui fit votre jeunesse si douce. Bientôt vos lettres deviendront votre joie à toutes deux, comme un petit oasis où chacune se retrouve plus jeune, plus courageuse et plus gaie. Et d’où viendra ce bienfait mystérieux ? Du bonheur de s’arrêter pour penser, pour causer intimement et d’exprimer les choses profondes qu’on ne dit pas si facilement qu’on les écrit.