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LETTRES DE FADETTE

ses, la première condition n’est-elle pas de bien se rendre compte de sa vocation : c’est-à-dire, de comprendre où et comment l’on fera mieux son Devoir.

Combien d’âmes, pour l’avoir ignoré, meurent comme la graine égarée parmi les cailloux… sans avoir même germé.


LV

Les timides


À côté des gens qui se vantent, qui se donnent pour ce qu’ils ne sont pas, qui font de belles phrases pour exalter la noblesse et la délicatesse de leurs sentiments, illustrés d’ailleurs par les actes les plus mesquins, il y a des êtres timides, moralement recroquevillés, qui se défendent d’être sensibles et aimants ; ils affectent de la froideur quand l’émotion les fait trembler, et ils s’immobilisent dans une inaction prudente en résistant à l’impulsion qui les porterait à se dépenser pour les autres.

Ils sont comme les plantes poussées dans les caves : leurs tiges blanches et molles sont à peine vivantes, parce qu’elles ont vécu dans l’obscurité : ces âmes dont je parle ont vécu aussi sans soleil : elles n’ont pas rencontré, dans leurs familles ou en dehors, la sympathie qui les eût rendues vigoureuses en leur donnant l’assurance et le courage nécessaires pour être bon, car il en faut.

Les personnes molles et trop timides peu-