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LETTRES DE FADETTE

vide ; des heures où tous les efforts semblent trop pénibles quand on entrevoit les résultats probables, des heures où le cher passé vous tire en arrière, vous force à le regarder, et vous détourne du présent, de la tâche quotidienne, du devoir qui vous attend.

Car, vous pouvez bien me dire que vous n’avez pas de but, que personne n’a besoin de vous, que vous vous sentez si inutile que cela vous décourage : vous croyez que tout cela est vrai, mais vous vous trompez ; vous ne savez pas voir et vous n’avez pas encore compris qu’il n’y a pas d’êtres qui ne soient au monde pour un but bien déterminé. Notre mission est modeste parfois, notre ambition et aussi notre bonne volonté nous porteraient à faire des actions importantes et qui comptent, et nous dédaignons trop le petit programme discret qui nous est assigné.

« Si j’avais un mari, des enfants, une maison à diriger, je saurais que je suis bonne à quelque chose !… » Soyez bonne autrement ; aidez votre amie à soigner son bébé malade ; elle ne peut sortir, faites ses commissions : ce vieux parent s’ennuie, allez lui lire ses journaux tous les jours.

Et la misère de cet hiver ! Y avez-vous pensé ! Croyez-vous que cela ne vous occuperait pas d’essayer d’aider quelques pauvres ?

Dans votre maison luxueuse et chaude,