Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/21

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Eh bien, j’ai été cette petite chose : la main tendue à celle qui traverse en tremblant la passerelle étroite ; la petite lueur qui perce la nuit et fait retrouver le sentier perdu ; la bonne caresse du chien qui vous lèche la main quand il voit vos yeux pleins de larmes ; la fleur qui rend la chambre d’exil moins froide.

Et d’avoir été quelquefois une bonne petite chose dans votre vie me rend toute heureuse. C’était mon ambition quand je consentis à chercher votre sympathie.

Les bonnes petites choses font la vie meilleure et plus pleine, et les sages et les heureux de ce monde sont ceux qui sont attentifs et savent les découvrir à travers les banalités courantes. Les bonnes petites choses nuancent délicieusement le bonheur et empêchent la tristesse d’être trop accablante. Ne les dédaignons pas, quand elles passent à notre portée, et surtout ayons les yeux ouverts afin de les voir passer.

On entend beaucoup de plaintes et de lamentations sur les ennuis et les duretés de la vie, et il me semble que bien peu songent à bénir ses douceurs et ses joies. Et cependant, non seulement elles sont nombreuses, mais suffisantes pour équilibrer les plateaux de la balance.

Autrement, la vie ne serait pas le suprême bienfait de Dieu dont nous devons lui être reconnaissants. Autrement, nous détesterions la vie, et malgré nos déclamations et nos jéré-