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taires ; j’ai voulu seulement signaler un danger possible et vous crier d’être prudentes. Ce devoir rempli, je reconnais avec vous qu’une heure ou deux de travail léger, dans le recueillement de votre petit salon, relève votre courage, retrempe votre patience, ramène autour de vous de bons souvenirs réconfortants qui sauront éclairer vos heures grises.

Ô non ! je ne condamne rien, ni la dentelle, ni les rêves d’or, ni les essaims d’abeilles, je vous dis seulement : voyez où elles vont : laissez-les butiner, pourvu qu’elles reviennent à la ruche, au foyer, à ce qui est, et que vous ne leur permettiez pas de se disperser à la recherche de l’impossible… et du défendu.

Profitez de vos heures de recueillement pour sonder les profondeurs de votre âme, et demandez-vous quelquefois si, au-delà de ce que vous laissez connaître de vous, il n’y a pas des abîmes mystérieux où vous n’aimez pas vous-même à bien démêler ce qui se passe.

Et voilà ! Je ne suis pas directeur de conscience, mais je viens d’en jouer le rôle…


VIII

Charité


Et voici que Décembre nous arrive ce matin poudré de frimas, tout blanc sous ses dentelles de givre : le ciel est d’un bleu très doux et le soleil brille clair ; dans l’air pur, le son des cloches jette une musique joyeuse qui