Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/37

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Non seulement, le pauvre Jésus coucherait là tout seul, au froid et au noir dans cette boîte remplie de paille, mais des souris courraient sur son petit corps, le mordraient peut-être, et il ne pourrait se défendre ! C’était trop cruel à la fin ! Et je pleurais tant que je pouvais, et Pierre, sans trop savoir pourquoi, pleurait encore plus fort.

Le curé revenant à ce moment s’informa de la cause de ce désespoir. — « Bon ! bon, console-toi, la petite ! Tu connais Florette, ma grosse chatte d’Espagne ? C’est elle qui va venir garder l’Enfant-Jésus, et les souris n’y toucheront pas, c’est moi qui te le dis ! »

— Dix ans après, il me taquinait encore à ce propos, et il ajoutait toujours : « N’importe, c’était d’un bon petit cœur, tâche de ne le donner qu’à celui qui en sera digne ».

Pauvre bon vieux curé !

Pendant bien des années, je considérai avec un peu de dédain le bœuf et l’âne si inutiles, des « bête de parure » comme je disais, et je devinais un bon chat, invisible derrière la crèche, mais actif et plein de sollicitude, guettant les souris qui auraient pu approcher du cher petit Jésus.


XIII

Hiver blanc


Qu’il faisait joli, dehors, ce matin ! Je suis sortie à sept heures, et tout était blanc. Le givre léger enveloppait chaque branche d’une