Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tance n’éveille les bons désirs que pour les étouffer l’instant d’après. Ô Fadette ! Allez toujours, versez, versez sans cesse votre douceur sur nos plaies, car nous n’avons rien à attendre de ces cœurs durcis, contournés, repliés et distillant l’amertume comme les coquillages de l’océan.

Un certain nombre de lecteurs sont d’avis que l’écrivain du Devoir possède un cerveau d’homme et un cœur de femme. Cela n’avance guère le problème de son identification…, mais peut nous aider à caractériser son style où se révèle, en effet, un salutaire mélange de poésie et de raison, d’intuition et d’analyse. Tous s’accordent à vanter l’abondance et la netteté de ce style tributaire de tous les genres, admirablement diversifié suivant le thème entrepris, mais toujours conforme aux exigences de la lettre. Tel jeudi, l’auteur nous offre un poème, tel autre, une anecdote, plus tard, une épigramme et la semaine suivante, il nous arrive avec un plan de tragédie. Mais sans cesse l’aimable épistolier nous parle et se raconte. Chacun de ces morceaux ressemble à un jardinet de campagne exigu, plantureux, sarclé, ratissé et de toutes parts bien clos. Un sage y trouverait néanmoins sa subsistance, car le suc et la vertu de l’étendue voisine y pénètrent et le vaste ciel y verse tous ses rayons !

Le principal tort du recueil, à mon avis, c’est d’être le résidu d’un choix auquel pré-