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fou, ça, mon pauvre homme, vous êtes libre comme le vent, et rien ne vous empêche de faire vos Pâques ! N’en avez-vous jamais parlé au curé ? — Ça servait à rien de faire des parlements tant que je me démettais pas de leu damnée société, et comment les rejoindre pour leu dire que j’veux pu ! — Écoutez, Luc, je vais arranger cela, moi ! Ne soyez pas plus triste et bonjour.

L’après-midi, après vêpres, le bon curé fut mis au courant. Il vint lui-même trouver le bonhomme au jardin, ce matin. L’entrevue ne fut pas longue et je viens de les voir partir ensemble. Je crois bien que le pauvre Luc reviendra l’âme légère, et qu’à l’avenir Pâques ne le fera plus rager.


XXIV

Âmes d’enfants


Après la pluie très douce a paru un soleil bienfaisant qui remplit le monde de vie frémissante : sur les arbres, les bourgeons se gonflent, dans la terre chaude, les plantes poussent patiemment leur petite tête verte et voilà qu’elles brisent la croûte brune, qu’elles pointent si délicatement, si exquisément frêles qu’on les voudrait protéger toutes contre les atteintes brutales.

Ont-elles une petite âme vague qui est éblouie d’air et de lumière au sortir de la prison de terre où elles ont préparé leur beauté ?