Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/77

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journées brûlantes, si, dans les coins vides de la cervelle de Fadette, des oiseaux ne construisent pas, brin à brin, des nids, d’où sortiront plus tard des nichées nouvelles de pensées ailées qui voleront vers vous pour vous dédommager de mes paresses estivales.

C’est étrange cette élaboration de la pensée en nous : les images entrent sans cesse, se fixant, celles-ci, dans notre esprit, celles-là dans notre cœur… nous sommes plus ou moins attentifs, mais elles ne cessent de s’imprimer en nous, et les nuages qui passent, les voix qui émeuvent, les mots qui restent, les notes qui vous font vibrer sont comme l’air que nous respirons : tout cela se joint, se mêle, se coordonne, se nuance à notre imagination, prend racine dans notre cœur, et petit à petit, devient nous-mêmes : les opinions que nous émettons si nettement, les sentiments que nous découvrons avec stupéfaction, les idées toutes puissantes qui à un moment décisif orientent notre vie.

Ne médisons pas de nos inactions forcées, c’est peut-être le temps où, silencieux, nous observons et méditons davantage.

C’est peut-être de la lourdeur de l’été, de la tristesse vague des choses qui font monter les larmes aux yeux, des vies humbles qui se déroulent naïvement au grand soleil du bon Dieu, que naîtront les lettres d’automne de votre amie Fadette qui vous demande pardon