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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/87

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de la tête : ils ont beau prolonger les heures de travail, « allonger la journée par les deux bouttes », m’a confié l’un d’eux, ils n’arrivent à contenter tout le monde qu’en ne satisfaisant personne complètement : ils font le plus difficile, le pignon, les travaux sur les échafaudages, puis bonjour, ils filent chez la voisine, et la courageuse maîtresse de maison, grimpée sur un escabeau, armée du pinceau, les remplace tant bien que mal et avec plus d’ardeur que de succès dans la plupart des cas !

N’importe, l’ouvrage avance. Dans les rues bien balayées on plante des balises, les jardins sont peignés et ratissés, les maisonnettes se regardent, ravies : avec leurs vitres étincelantes et leurs petites mousselines bien blanches, elles se font des mines coquettes, et un bon soir, la veille du grand jour, le joli village pimpant et frais se mire dans le fleuve avec complaisance en s’exclamant : « Me trouvera-t-il beau, Monseigneur ! »

Les dames en disent-elles autant, en ouvrant l’immense sac de papier d’où elles sortent soigneusement le beau chapeau mis de côté pour la fête ?

Ah ! qu’elle en a confectionné, des beaux chapeaux, la petite modiste, et que le marchand en a vendu des belles chaussures reluisantes, que l’on tient enveloppées dans du papier de soie en attendant « La passée de l’Évêque ! »