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donne à manger aux bêtes, n’est-il pas aussi nécessaire au bon fonctionnement de l’armée que le service du soldat qui se bat à la baïonnette ? Dans les églises désertes, le soir, on pense à ces choses…


LVII

Nos soldats


Hésitant et capricieux, notre printemps est arrivé avec ’ sa succession de jourpéos douces et frileuses ; de caresses alternant avec des bourrasques rudes. Il est charmant quand même avec ses couchers de soleil roses, et ses promesses de résurrection dans les bourgeons frêles qui se recroquevillent par les nuits glacées.

Il est charmant comme tout ce qui est jeune, frais et palpitant de vie. Nous l’aimons après avoir eu froid si longtemps, nous l’aimons par ce besoin immense de croire à ce qui ne meurt pas, à ce qui recommence, nous qui sommes si cruellement blessés par ce qui est éphémère. Chaque printemps nous apporte le même message, la même assurance que la vie ne meurt pas, que c’est la mort qui meurt dans les résurrections.

Écoutons bien ses voix innombrables : elles parlent à tous d’amour, d’activité, d’énergie et de joie. Le printemps apporte au monde la joie même de Dieu, la joie créatrice : il crée et renouvelle tous les coins de