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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/159

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On dit : « Mon Dieu ! » sans d’autres mots, sans une autre intention que celle de l’appeler, comme le petit enfant dit cent fois dans la journée « maman ». Il ne sait que ce mot et il le répète sans cesse sur tous les tons avec l’instinct que sa mère le comprend bien.

Cette fin de jour dans l’église sombre et silencieuse me représente si bien les dernières heures de notre vie. Nous serons las, seuls au milieu des êtres les plus chers, nous ne parlerons plus, et nous ne saurons que murmurer : mon Dieu !

J’aime à croire qu’au soir de notre vie comme aux soirs de nos journées, nous sentirons la douceur d’être venus tout près de Dieu, d’avoir déposé à ses pieds tous les fardeaux de notre vie, de lui avoir rendu nos âmes que la vie humaine ne retient plus. Et ce sera bon comme dans l’église, je crois.

Les heures de silence du soir font plus pleines les heures d’activité de la journée et leur font acquérir une importance qui les pare de beauté, même si elles sont remplies par de pauvres petites occupations.

C’est parce que nous ne les voyons pas de haut que nos petites actions nous fatiguent et nous écrasent. Si nous pouvions enfin comprendre et sentir que rien n’est perdu, que tout notre devoir est nécessaire dans le plan divin, et que nous servons en étant fidèles même à ce qui nous semble insignifiant. Le service de la sentinelle, du soldat qui aplanit la grande route, de celui qui