Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/61

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Tout en s’élevant contre la culture intellectuelle des femmes, elle se laisse voir tellement pénétrée de l’esprit de son siècle, qu’on ne peut s’empêcher de sourire de la contradiction qui s’impose entre cette intellectuelle et ses théories simplistes. Mais sa psychologie est remarquable, et jamais la femme et les femmes n’ont été analysées avec une telle pénétration. Rien n’échappe à sa finesse et à sa perspicacité. Elle le dit elle-même et c’est vrai : « Je les ai toutes vues, interrogées et lues, comme nul homme ne les voit, ne les interroge et ne les lit. J’ai reçu de ces confidences qu’on n’échange que de femmes à femmes et dont la portée s’étend encore sous ce regard maçonnique avec lequel nous nous considérons les unes les autres et déchiffrons cette écriture secrète, intelligible aux savantes comme aux ignorantes, dans laquelle les plus bêtes comme les plus fines expriment leurs impressions intimes, tandis que devant ces signes mystérieux, les hommes les plus intelligents demeurent ahuris avec le même visage stupéfait. Je les connais toutes, avec les détails de leur histoire, ceux qu’elles m’ont racontés, ceux qu’elles ne m’ont pas confiés et ceux qu’elles m’ont présentés sous un jour faux : car je suis femme comme elles, et fille de la même époque. »

Elle a raison, son observation tient du prodige et son livre est l’un des plus captivants que je connaisse. Il donne le désir de lire ceux qui le suivirent et que malheureusement je n’ai pu me procurer.