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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/104

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c’est pourquoi la mauvaise humeur féminine ne m’inspire pas de sympathie. Cette mauvaise humeur n’est pas la suite du chagrin causé par un autre, mais de la rancune qu’elle en conserve et du dépit qu’elle veut lui en témoigner, ou bien, cette mauvaise humeur est tout simplement l’expression d’un vilain caractère.

Je ne cesse pas de m’étonner que la finesse d’une femme ne l’avertisse pas de la gaucherie d’un tel procédé. Croit-elle améliorer ainsi des relations déjà tendues ? Si son prestige diminue, pense-t-elle le rétablir en étant désagréable et revêche ? Ne suit-elle pas plutôt un instinct aveugle sans se demander à quoi il la mène ?

L’entêtement accompagne généralement la mauvaise humeur féminine et rien n’est plus curieux que d’en suivre le développement. Il s’exerce sur la première chose venue. Au hasard de la conversation, elle saisit une occasion de contredire et cela d’une façon péremptoire, absolue, qui, en un clin-d’œil devient agressive et irritante. Écoutez-la, vous ne lui trouverez ni bonne foi, ni bon sens : les raisons n’ont aucune prise sur elle, elle contredit sans s’occuper de vous blesser ; pour vous tenir tête, elle accumule les faussetés et les sottises, elle ne vous concède rien, et elle se résigne à être absurde plutôt que de céder d’une ligne. Si ce n’est pas une sotte, son irritation s’augmente de la confusion de se sentir ridicule et fausse.