Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/109

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et s’effacent ! Elles passent, nos vies, en traçant des dessins plus ou moins vagues, que les autres regardent avec plus ou moins d’intérêt, puis elles disparaissent dans l’infini, mais nos âmes durent !

Et quand on sait qu’aucune ne meurt, que, depuis le commencement, toutes les âmes qui ont animé des corps humains n’ont fait que traverser de l’autre côté, qu’aucune n’a pu être anéantie, que par-delà la vie elles sont toutes vivantes dans la gloire, ou dans l’attente, ou dans la souffrance, un indicible frisson nous saisit devant ce mystère de l’infini !

Songez donc ! Depuis la création comme il y en a eu des hommes, et tant que la terre existera, comme il y en aura ! Et sans trêve, les âmes s’en iront peupler l’au-delà dont la mort leur ouvre la porte !

Je savais cela, vous aussi, mais je n’y avais jamais assez pensé pour « le voir » comme ce soir, et j’ai eu peur ! J’ai joint les mains en disant : « Mon Dieu ! » comme le petit enfant appelle sa mère quand il est effrayé.

Et je pense qu’il est venu, puisque, dans l’ombre qui envahissait ma chambre, le calme a succédé à l’angoisse qui était une défiance, un doute de la puissance divine de concilier ce qui nous semble contradictoire.

Puisque nous ne trouverions jamais en nous la possibilité de désirer faire mal à ceux que nous aimons, de les désappointer volontairement, encore moins de les tromper, ne