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LETTRES DE FADETTE

me doit encore apprendre à connaître la puissance de l’habitude, et si elle veut réformer, qu’elle ne cherche pas à corriger un défaut, — ce qui est à peu près impossible, — mais qu’elle essaie de remplacer une habitude mauvaise par une bonne habitude.

Enfin, il est inutile, paraît-il, pour vous attacher un homme, de jouer le rôle d’ange ou d’en prendre transitoirement l’apparence. « Gardez vos défauts, les hommes ne vous en aimeront pas moins s’ils n’en sont pas gênés ». Ici je me permets de faire observer que les défauts féminins comme les défauts masculins sont généralement incommodes, et je mets une restriction à ce petit conseil douteux.

La conclusion de ce long article que je n’ai fait qu’esquisser, c’est que l’homme ressemble à un violon dont les sons varient d’après les mains qui en jouent, et que même les Stradivarius peuvent, dans des mains vulgaires, se comporter comme de vulgaires crincrins. Alors, mes amies, vous n’avez qu’à devenir des artistes pour jouer des qualités et des défauts des hommes. Appliquez-vous à les étudier, à les deviner, et si après cela vous n’avez pas réussi, vous aurez tout de même appris beaucoup de choses intéressantes, non seulement sur eux mais sur vous-mêmes.