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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/69

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ble d’en douter, moins pour les raisons qu’en donnent les philosophes et les théologiens que par les impressions les plus simples de la vie quotidienne. En nous, autour de nous, tout nous crie l’existence d’une autre vie : la fragilité de nos affections et l’infini de nos rêves, notre soif d’unité et notre besoin de perfection, la dualité qui agite nos âmes jusqu’au dernier soupir, ce qu’il y a en nous d’irrassasiable et d’impossible à satisfaire ; tout cela fait de nous des mortels conscients de leur immortalité, qui sentent que cette vie n’est que le portique du temple mystérieux et désirable où nous espérons entrer un jour mais dont nous avons peur parce que c’est la Mort qui nous en ouvre la porte. Afin d’oublier que nous y allons, nous pensons peu à ceux qui sont entrés et qui nous attendent.

Les chers esprits évoqués par nous aux jours de solitude comprennent sûrement cette grande faiblesse des vivants, et ils pardonnent avec une indulgence intelligente nos oublis qui viennent de nos lâchetés.


XXV

Les maladroits


Je suis une petite personne pacifique, très féminine, pas féministe pour deux sous, et j’admets sans répugnance la théorie de la domination masculine. Encore ne faudrait-il pas y mettre d’exagération, et je proteste contre la superbe de l’homme orgueilleux qui,