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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/70

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se proclamant le maître de la femme, tremble sans cesse qu’elle ne lui échappe et ne voudrait pas qu’elle se soustraie, si peu que ce soit, à son influence. C’est une pure extravagance et la cause d’une foule de petites tyrannies insupportables et propres à révolter les femmes qui ne sont pas des saintes auréolées.

Ces grands despotes dont je veux faire le procès aujourd’hui se défient des amies, des lectures, des œuvres de charité, de l’étude de la musique, des réunions mondaines ou religieuses, et tenant leur femme bien enfermée dans une belle cage dorée, ils sont surpris et offensés si elle ose trouver l’esclavage dur et la prison monotone.

Messieurs, ne vous êtes-vous jamais avisés, que là où vos beaux discours et vos commandements échouent à faire accepter doucement cette main-mise absolue, l’amour réussit miraculeusement ? La femme qui aime discute peu : elle admire son grand homme les yeux fermés et elle se soumet facilement à toutes ses exigences. Alors, rien de plus simple que d’établir votre empire ! Soyez aimable et l’on vous aimera, soyez admirable et l’on vous admirera et vos femmes seront dociles comme des agneaux.

Mais n’allez pas croire qu’en étant grincheux, autoritaires et détestables vous aurez des femmes soumises ! C’est par trop naïf ! D’ailleurs, seigneurs jaloux, quoi que vous fassiez, la femme, même celle qui vous aime,